mercredi 24 décembre 2014

La saga de Mark Oliver Everett - Episode 12/15 : Little Bird

Huit mois après Hombre Lobo, Eels est déjà de retour avec un huitième album intitulé End Times. Un disque sur lequel je retiens un titre qui comporte le mot "bird". Il en fallait au moins un puisque ce terme est présent dans les paroles d'au moins un ou deux titres par disque...
Pour moi, ce disque est un petit peu le pendant de Hombre Lobo en ce sens que là où ce dernier misait sur l'énergie et un certain optimisme (très relatif, on parle de E quand même), End Times est un disque pouvant faire office de "bilan de vie" sur lequel E se projette quelques décennies plus tard, à l'instar de cette pochette qui le représente vieux (même si le terme "vieux" reste subjectif et qu'il est assez marrant de constater que même à 35 ans, Mark Oliver Everett remarquait que les gens le trouvaient, de par notamment son côté solitaire, déjà vieux).

Et comme son prédécesseur, End Times est un disque pour lequel j'ai assez considérablement modifié mon évaluation ces derniers temps. Alors qu'il m'avait réellement emballé à sa sortie (au point que je le mette dans mon top 5 des sorties de 2010), je le considère aujourd'hui comme un Eels très mineur. Peut-être même le moins bon.

Ce n'est pas qu'il y ait là quoi que ce soit de profondément honteux (si ce n'est la tendance à s'auto-plagier comme évoqué dans le bas de page avec A Line In The Dirt), mais ce que je voyais comme de la cohérence me semble désormais davantage être de la monotonie. S'il n'y a effectivement pas de passages véritablement mineurs, c'est parce qu'il y en a assez peu (voire pas) qui tutoient le génie.

Une des explications est également que E est particulièrement seul sur ce disque. On y retrouve pourtant Butch à la batterie de A Line In The Dirt (sans que je sache particulièrement si ça correspond à une collaboration alors nouvelle ou la reprise d'anciennes bandes), le fidèle Koool G à la guitare et la basse, trois invités assurant ici et là du cor d'harmonie, mais Mr E assure toutes les autres parties, du piano à la guitare en passant par la basse, l'optigan, les percussions ou la batterie, qu'il a enregistrées sur un 4-pistes.

S'il est un compositeur de génie, sans doute montre-t-il ses limites en tant que multi-instrumentiste. Il n'y a rien à dire sur la qualité technique de ce qui est ici joué, mais le fait de tout assurer seul l'empêche peut-être d'intégrer un grain de folie et une touche d'expérimentation supplémentaires. C'est en tout cas une de mes interprétations pour expliquer le "moyen plus" que j'attribuerai à ce disque. Une évaluation adaptée au potentiel du bougre, censée le piquer à vif.

E vient de divorcer, c'est en effet bien triste. Mais il manque à ce disque la dose d'ironie ou de détachement qu'il était même capable de s'imposer sur un Electro-Shock Blues dans des circonstances plus douloureuses encore. Ca fait sans doute partie du processus puisqu'il imaginait de toute façon ce disque comme profondément désespéré (il ne l'est pas tant que ça, finalement) et allant de pair avec son successeur, lui, résolument optimiste. Un successeur qui ne se fera pas attendre bien longtemps...




Un auto-plagiat néanmoins classieux : A Line In The Dirt reprenant clairement la base au piano de Manchester Girl, qui date de l'époque où il signait ses disques en tant que E (1993).
Un morceau plus dynamique (un des seuls) avec un clip très "Halloweenesque" : Unhinged



5 commentaires:

  1. Je suis assez d'accord avec ton avis, c'est probablement l'album le plus chiant de E. A tel point que je ne sais quel morceau mettre en avant (la différence est nette avec les précédents disques où l'on ne savait pas quel titre choisir, mais dans l'autre sens!). Je dirai "Gone Man"; l'un des rares dont je me souviens.
    Sans être catégorique, je ne pense pas que tu aies raison sur le coté "c'est moins bon car il est seul". Ce n'est à mon avis pas l'unique disque ou il fait la majorité des choses (Shootenhanny, non?) Je pencherai plutôt pour une surproductivité allant (mal) de pair avec un manque d'inspiration chronique (et le prochain album ira cruellement dans ce sens).

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    1. Ce n'est pas le seul disque où il est seul, mais dans la deuxième partie de sa disco, les disques où il est seul à la baguette (End Times, Cautionary Tales et à un degré moindre TM) sont quand même moins réussis que ceux où il admet davantage une réflexion de groupe (WG et HL).
      C'est moins vrai (et même pas du tout) sur sa première moitié de disco en effet.

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  2. Yep; on est raccord sur celui-ci ...
    Gone Man Gone est carrément d'enfer et j'ai un petit faible pour Los Feliz mais sur la longueur du disque, comment dire, il s'écoute un peu ...

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