dimanche 19 janvier 2025

Pour débattre de 2024 (3/3)

 

Pour débattre de 2024 (3/3)

Sans doute notre lectorat, plus nombreux en 2024 que n’importe quelle autre année post-Covid, apprécie-t-il les formats plus resserrés que nous adoptons désormais. Les longues chroniques se font rares, ce qui n’empêche pas les articles fleuves puisque nous aimons trier, classer et forcément débattre, ce qui fait par exemple de nos bilans mensuels de belles opportunités de découvertes. Je saute sur l’occasion pour partager avec vous un bilan tout personnel de cette année musicale. Il y aura forcément de l’underground mais aussi, et c’est ma petite particularité dans l’équipe, (un peu) de mainstream (tout relatif, ne vous attendez pas à voir Billie Eilish pour autant) et même de l’autopromotion (à dose homéopathique, une mention par partie). Ce qui nous fera donc trois volets contenant chacun 8 albums (pour faire 24 en 2024), une autopromotion et un bonus.




8. The Cure - Songs of a Lost World

"Je n’ai jamais été contemporain d’un album réussi de The Cure. Je m’attendais donc à un énième ratage et l’introduction Alone m’a hérissé les poils. Certes, les synthés sont un brin sirupeux et l’ensemble nostalgique à souhait. Mais la nostalgie ne pourrait-elle pas être, parfois, un ressenti digne d’intérêt ?
Et si la production a été critiquée par certains puristes, tout me semble vraiment à sa place sur cet album. Principale réussite, la voix de Robert Smith semble ne pas avoir bougé d’un iota depuis trois décennies si bien que je n’ai lu aucune des nombreuses critiques évoquer ce point alors qu’à peu près tous les autres aspects ont été ici ou là pointés du doigt. Mais surtout, les compositions sont solides et envoûtantes, avec Alone, donc, puis And Nothing Is Forever et son délicat piano. Mais c’est surtout la deuxième partie du disque qui emporte la mise, avec une ambiance en permanence sur le fil entre rage contenue, énergie du désespoir et nostalgie mélancolique, que ce soit sur Drone:NodroneAll I Ever Am et surtout le sommet Endsong qui n’aurait pas fait pâle figure sur un Disintegration dont ce disque constitue le petit frère tardif".

Lire l’avis complet et l’avis opposé des copains dans le bilan de novembre.




7. Ocean Teeth - Many People You Meet Tomorrow Will One Day Drown In The Sea

Petite confidence : Ocean Teeth c’est un petit peu mon super-groupe underground ultime. C’est un duo composé des deux artistes qui, sans faire injure aux dizaines d’autres dont j’admire le parcours, me surprennent à chaque sortie tout en conservant ce que l’on appelle "une patte" aisément reconnaissable. Bref, Eddie Palmer et Arnaud Chatelard, dont (au moins) l’une des productions en solo s’invite également dans ce top, ce sont pour moi les papes de ce que j’appelle, maladroitement et faute de mieux, le milieu underground le plus inventif qui soit. Alors, pensez bien, les voir collaborer ensemble pour la première fois, ça m’a excité et, évidemment, je n’ai pas été déçu.
On retrouve des synthés qui auraient leur place chez Innocent But Guilty et des basses caractéristiques du son de Cloudwarmer mais on sent surtout que les deux artistes ont travaillé dans un grand respect réciproque et c’est bien là l’une des grandes qualités de cet album. En effet, aucun d’eux ne cherche à tirer la couverture à lui, c’est aussi ambitieux que frais et aéré, tirant aussi volontiers vers Air (Escape From Yesterday) que sur un trip-hop cinématographique plus menaçant. Un disque dont je n’avais pas mesuré tout le potentiel à la première écoute : bien que charmé - j’avais l’impression que ce grand respect empêchait les deux apôtres de se lâcher totalement - et que j’ai largement réévalué ces derniers mois. Je crois que l’on n’est finalement pas loin du chef-d’œuvre et j’attends de pied ferme la suite de leurs aventures communes.




6. Monolake - Studio

"L’IDM de Monolake retrouve une seconde jeunesse avec ce Studio tout sauf désincarné qui mêle synthés stellaires et rythmiques déstructurées à un travail de sape permanent qui évite à l’ensemble de ronronner. Entendons par là que l’Allemand ne se contente pas de répéter et décliner la même mélodie à l’infini mais, même quand il trouve un thème efficace, lui ajoute des effets et lignes de synthés supplémentaires pour emmener l’auditeur dans une nouvelle direction. Un titre tel que Stasis Field est, comme d’autres, un joli modèle de périple électronique non linéaire à l’intensité sans cesse renouvelée. Pas loin des chefs-d’oeuvre des mètres-étalons du genre il y a trente ans".

Lire l’avis des copains dans le top de septembre.




5. Cloudwarmer - Nostalgia For A Future That Never Happened

Comme souvent, Eddie Palmer occupe une place importante dans le classement de mes albums préférés de l’année. Déjà représenté avec Lunologist puis en duo avec Innocent But Guilty sous l’alias Ocean Teeth, l’Américain produit avec Cloudwarmer - son projet le plus enthousiasmant - un nouveau bijou, peut-être plus long en bouche qu’à l’accoutumée mais ô combien réjouissant. Entre trip-hop, lofi beats et downtempo, l’artiste joue avec les étiquettes aussi bien qu’avec les samples. Le jeu de basse, les rythmiques et les interludes à base de spoken word qui sont, de longue date, le ciment de l’esthétique musicale de Cloudwarmer sont toujours aussi délicieux et les nappes se font ici, comme le titre de l’album l’indique, peut-être un peu plus nostalgiques qu’à l’accoutumée. L’inspiration est au rendez-vous, et Eddie Palmer a vraiment pris le temps de peaufiner ce disque qui, une fois n’est pas coutume, suit de plus d’un an son prédécesseur (sous l’alias Cloudwarmer uniquement, entendons-nous). Toujours transcendant, Nostalgia For A Future That Never Happened lorgne parfois vers une musique cinématographique à l’instar du sommet We Got a Ghost in the Neighborhood que l’on imaginerait tout à fait dans une bande originale de Trent Reznor et Atticus Ross. Brillant.




4. Cigarettes After Sex - X’s

"Sur X’s, on trouve toujours ce son vaporeux et mélancolique mais quelques nuances apparaissent. Certains regretteront une basse plus en retrait - à l’exception du très minimaliste Hideaway et, on y reviendra, du titre final - mais l’ajout de synthétiseurs analogiques apporte une véritable profondeur. Mais surtout, c’est le chant de Greg Gonzalez qui évolue, ce dernier s’autorisant des backs envoûtantes et bienvenues sur le sommet Baby Blue Movie.
Grower en puissance, X’s surclasse son prédécesseur grâce à quelques titres au-dessus de la mêlée tels que - on les connaissait déjà - Tejano Blue et Dark Vacay, mais surtout l’étrangement énergique Holding You, Holding Me, un Silver Sable au refrain renversant et, atout majeur de ce disque, sa conclusion Ambien Slide sur lequel la basse ronde enlace de manière audacieuse la batterie avant que la voix ne vienne transformer l’essai et en décupler la majesté."

Lire la chronique complète ici.




3. DIIV - Frog In Boiling Water

Il aura fallu un concert à L’Antipode en fin d’année pour définitivement transformer l’essai. Frog In Boiling Water m’avait déjà sévèrement accroché l’oreille, avec ce shoegaze rappelant tantôt Slowdive (Soul-Net en tête), tantôt une version plus accessible de My Bloody Valentine. Mais la performance hors-norme des quatre musiciens ce jour-là, avec ce fil conducteur incluant des petites scénettes façon Dharma Initiative (ceux qui ont vu la série "Lost" comprendront) lors des transitions, une énergie au-dessus de la moyenne pour un groupe de shoegaze et les sous-titres des paroles en bas des visuels pour favoriser la compréhension de ceux qui, comme moi, comprennent mieux l’anglais à l’écrit qu’à l’oral, m’ont convaincu d’une chose : les compositions de ce disque sont bien plus que solides ! Très client de Is The Is Are, j’avais été moins convaincu par Deceiver, et je classe ce nouvel opus (inspiré par cette théorie qui veut que la grenouille plongée dans l’eau bouillante s’enfuit, tandis que celle dont l’environnement se réchauffe doucement cuit à petit feu... analogie qui, plus que jamais, devrait nous faire réfléchir collectivement...) tout en haut de leur discographie... et j’irai même plus loin, parmi - déjà - les classiques d’un genre qui en manque depuis quelques décennies.




2. Blockhead - Mortality Is Lit !

"Par où commencer ? Déjà, ce disque comporte très peu de temps faibles (Earth’s Farewell Tour, en deuxième position, est sans doute l’un des morceaux les moins passionnants, malgré son crescendo d’intensité final). Mais surtout, Blockhead semble totalement libéré, alternant entre samples survitaminés, basses lourdes, cut-up vocaux décomplexés (Orgy At The Port Authority réunit ces deux derniers aspects pour un résultat addictif), drums percutants, mais également synthés plus mélancolique et instruments à vent dopant parfois l’ensemble.
Difficile de détacher quelques morceaux de ce disque qui multiplie les idées et contrepieds sans jamais être déplaisant, mais Dolphin Lundgren est un tube incontournable évoquant effectivement le meilleur de The Go ! Team, tandis qu’un morceau comme Burning Man In Tehran convoque, lui, le premier album de The Avalanches. Arrêtons-nous ici pour ne pas procéder à un avis track-by-track qui ne conviendrait pas à l’exercice de l’avis express mais l’on ne peut que vous encourager à écouter cette pépite si vous aimez l’abstract hip-hop, RJD2DJ Shadow et tout ce qui y ressemble de près ou de loin".

Lire l’avis complet et celui des copains dans le bilan de novembre.




1. Fontaines D.C. - Romance

"Grian Chatten expliquait récemment que ce disque ouvrait un nouveau chapitre et que les Fontaines D.C. en avaient marre d’être cantonnés à l’image de cinq types avec des guitares. Entre spoken word, arrangements de cordes, mélodies plus pop et même quelques effets que l’on pourrait rapprocher du shoegaze, les Irlandais calment le jeu sans aseptiser leur propos, loin s’en faut. Ce disque est loin d’être parfait (je ne me suis pas attardé sur sa pochette au charme tout relatif) mais, contrairement aux deux premiers, il est profondément humain et ressemble à tout sauf à la commande d’une major, n’en déplaise aux grincheux qui vont tourner le dos au quintette lorsque sa fanbase va (encore) s’élargir. Rien de plus logique, finalement, pour un groupe qui vient d’enchainer un très bel album et un autre encore plus grand en l’espace d’à peine plus de vingt-quatre mois. J’aime cet album de rock s’appuyant sur une vraie voix, et qui va m’accompagner ces prochains mois, sans doute même plus, et tant pis si je dois pour cela être couvert de goudron et de plumes".

Lire la chronique complète ici.




Bonus


Un chouette EP : Lia Pikus - Ritual EP

Très chouette découverte que cet EP prometteur. Mon compère Rabbit a déjà eu l’occasion d’en parler et évoquait très justement un rapprochement avec les univers de Hope SandovalJulee Cruise et Andrew Bird. Effectivement, la sensibilité de la violoncelliste new-yorkaise évoque ces illustres artistes auxquels j’ajouterais également Agnès Obel et Emily Jane White. Si vous recherchez du songwriting léché et une voix d’ange, Lia Pikus devrait répondre à vos attentes.




Autopromotion : Valgidrà - Warplush Vol. 3 Remixes

Quelques mois après la publication de Warplush Vol. 3, j’ai proposé à quelques compères de revisiter l’un des titres de ce disque. Et les retours ont largement dépassé mes attentes, que ce soit au niveau de la quantité ou de la qualité. Impossible de nommer tous les artistes qui m’ont fait l’honneur de participer à cette compilation, mais je vous invite à écouter le rendu, cela va de l’ambient à l’IDM, en passant par le trip-hop ou l’electronica. Délicieuse impression que celle de perdre le contrôle de ces créations. Merci à tous les camarades de cette aventure, que ce soient des copains de longue date ou des rencontres plus récentes qui ne demandent qu’à être prolongées.



vendredi 17 janvier 2025

Pour débattre de 2024 (2/3)

 Sans doute notre lectorat, plus nombreux en 2024 que n’importe quelle autre année post-Covid, apprécie-t-il les formats plus resserrés que nous adoptons désormais. Les longues chroniques se font rares, ce qui n’empêche pas les articles fleuves puisque nous aimons trier, classer et forcément débattre, ce qui fait par exemple de nos bilans mensuels de belles opportunités de découvertes. Je saute sur l’occasion pour partager avec vous un bilan tout personnel de cette année musicale. Il y aura forcément de l’underground mais aussi, et c’est ma petite particularité dans l’équipe, (un peu) de mainstream (tout relatif, ne vous attendez pas à voir Billie Eilish pour autant) et même de l’autopromotion (à dose homéopathique, une mention par partie). Ce qui nous fera donc trois volets contenant chacun 8 albums (pour faire 24 en 2024), une autopromotion et un bonus.




16. Systems Officer - In Our Code

D’abord passé en dehors de nos radars, ce nouveau disque de Systems Officer, combo mené par Zach Smith le co-fondateur de Pinback, mérite bien plus qu’une écoute distraite. S’il déborde parfois vers un univers trop emphatique pour être réellement efficace (My Keep), In Our Code n’en contient pas moins quelques paires de titres enthousiasmants, qu’ils soient poignants (Tremble) ou plus lumineux (JoustThe Broken Ones). Les amateurs de l’univers de Pinback ne seront pas dépaysés car le jeu de basse de Armistead Burwell Smith IV, tellement identifiable, n’a pas perdu une once d’efficacité depuis 2012 et la dernière production des Californiens. Ils apprécieront probablement un sommet tel que This Side, sorte de petit frère de l’inégalable Loro, et se surprendront à découvrir, ici et là, une facette plus électronique qui, fort heureusement, ne prend pas trop le dessus puisqu’il faut bien avouer que cette direction n’est souvent pas celle qui sied le mieux à Systems Officer. A ce bémol près, l’album est excellent, à conseiller à tous les amateurs d’indie rock aux arpèges raffinés mais néanmoins dynamique et bavard.




15. Lunologist - Sleep Now Voyager

Me voilà bien embêté. J’aime tellement le travail d’Eddie Palmer que ce nouvel opus de Lunologist sera devancé par deux autres de ses projets. C’est dire si l’Américain est prolifique et constant. Mais autant je voue un culte à ses travaux en duo avec Cloudwarmer et Aries Death Cult, autant je trouve - seulement - très bonnes ses productions en tant que Fields Ohio ou Lunologist. Mais ça c’étant avant ce Sleep Now Voyager qui ne dépareillerait clairement pas dans la discographie de Cloudwarmer tant il explore de contrées musicales puisque, outre le trip-hop, Eddie Palmer multiplie les abstractions vers la drum and bass, l’ambient et même une électro allemande à la Moderat. Enthousiasmant.




14. Kelpe - LP10

"Peut-être moins démonstratif qu’à l’accoutumée, Kelpe privilégie sur ce LP10 les atmosphères, et je dois bien avouer que cela me correspond tout à fait puisque j’ai toujours été très sensible aux ambiances en matière d’electronica. Et puis, cette batterie en bonne et due forme, là où les beats digitaux sont quasi-exclusivement utilisés par tous ses acolytes, confère une dose suffisante de singularité pour se laisser embarquer par l’univers de Kel McKeown, à la fois délicat et rempli de savoureux télescopages électroniques".

Lire l’avis des copains dans le bilan d’avril.




13. Bodega - Our Brand Could Be Yr Life

Délicieux souvenir de concert au mois de mai à L’AntipodeBodega a su transformer l’essai deux ans après un Broken Equipment qui marquait une montée en puissance depuis le son des débuts. Sur Our Brand Could Be Yr Life, rien de tout à fait comparable à l’inégalable tube urbain Doers, mais un ensemble sans doute plus cohérent, sans la moindre fausse note. L’alternance de chant masculin/féminin, une basse vitaminée, des percussions survoltées et un jeu de guitare efficace, il n’en faut pas beaucoup plus pour que la mayonnaise prenne, à l’exception peut-être d’un supplément d’âme dont les New-Yorkais ne manquent de toute façon pas. Capables de manger à la table de The Go ! TeamCSS ou même LCD Soundsystem dans ce registre rock mutant sous acide.




12. The Smile - Cutouts

"Initialement récréatif, le projet The Smile devient de plus en plus sérieux et prend donc une nouvelle ampleur. Jonny Greenwood et Thom Yorke n’ont plus à s’encombrer des attentes des fans de Radiohead (reverra-t-on un jour le quintet d’Oxford réuni ? Rien n’est moins sûr) et peuvent donc expérimenter de nouvelles formes, allant de sonorités jazzy autour desquelles Radiohead tournait déjà en 2001 sur l’excellent Life in a Glasshouse à l’usage retrouvé de l’électricité pour traduire un mélange de rage, d’espoir et de résignation. Et surtout, last but not least, le trio semble avoir travaillé sur la coloration de la basse sur ce Cutouts, ce qui n’est pas pour me déplaire, l’absence de Colin Greenwood dans The Smile constituant désormais son seul désavantage par rapport à son encombrant grand frère, Tom Skinner assurant si bien derrière les fûts qu’il parvient quant à lui à faire oublier Phil Selway.

Lire l’avis des copains dans le bilan d’octobre.




11. Tokee - Л​Е​Я

On connaît Tokee pour ses masterings d’une grande partie de la sphère underground que l’on défend dans nos colonnes (j’ai moi-même eu l’honneur de voir l’un de mes albums mastérisés par le camarade). Mais avec Л​Е​Я, le Russe publie chez Mahorka sa production la plus aboutie. Si la pochette rappelle vaguement celle du Spiderland de Slint, son contenu n’a rien à voir et l’on nage cette fois dans des eaux teintées d’IDM et d’ambient mélodique. Il se passe toujours quelque chose sur ce disque aux sonorités léchées et ambitieuses, mêlant synthétiseurs tantôt menaçants voire crépusculaires, tantôt presque solaires, à des rythmiques saccadées et envoûtantes. Un grand disque.




10. 154 fRANKLIN - O. P. M.

Son auteur, que l’on connaît surtout sous le pseudonyme d’Innocent But Guilty et qui, décidément, sera omniprésent dans ce bilan, confiait récemment que ce disque n’avait pas trouvé son public. Certains retours ont fait état de productions pas aussi complexes qu’à l’accoutumée mais c’est, me semble-t-il, tout l’intérêt de ce side projet. Avec 154fRANKLIN, le ton est plus léger, et ces boucles aussi répétitives qu’enthousiasmantes dans un registre abstract hip-hop constituent tout simplement ma bande sonore préférée pour faire du sport. Ces écoutes répétées, voire compulsives, ne viennent-elles pas prouver quO.P.M. a malgré tout su trouver son (maigre) public ?




9. Godspeed You ! Black Emperor - "NO​ ​TITLE AS OF 13 FEBRUARY 2024 28​,​340 DEAD"

Encore un album très politique que ce nouveau cru de Godspeed You ! Black Emperor mais il s’agit de ne pas s’y tromper. Il n’y a pas qu’avec ce titre que les Canadiens frappent fort. Radical mais pas dénué d’intérêt (petite pique à son prédécesseur) car entre les quelques drones désormais habituels, c’est bien le post-rock rugueux cher à la bande menée par Efrim Menuck que l’on retrouve ici. Des guitares lancinantes, des percussions martiales, des arrangements de cordes sublimes et des transitions dominées par des spoken words hantés. La machine ne fonctionne jamais aussi bien que lorsqu’elle réemploie la recette originale, tout en l’actualisant. Derrière Luciferian Towers, le meilleur cru de ce GY !BE post-reformation, assurément.




Bonus


Un chouette EP : Djane Ki & Innocent But Guilty - Remote Exploration EP

Difficile de parler d’un chef-d’œuvre de la musique électronique qui, en seulement quatre titres, brasse aussi large que l’IDM, l’ambient, la musique cinématographique voire même la jungle façon Ninja Tune. Que du bon et, si je suis déjà un admirateur des travaux d’Innocent But Guilty, voilà qui m’a convaincu de m’intéresser de près à ceux de la prolifique Vanessa Jeantrelle.




Autopromotion : Valgidrà - Warplush Vol. 3

Sorti fin avril, ce troisième volet de mes pérégrinations Warpiennes (et mon quatrième LP en solo) a davantage trouvé son (relatif) public que son prédécesseur, sorti alors qu’il n’était pas tout à fait abouti. La leçon a été retenue et j’ai choisi de polir ce disque avant de le publier. La direction reste, globalement, la même : des circonvolutions électroniques souvent cotonneuses façon Boards of Canada, mais également quelques cut-up, abstractions ou polyrythmies s’inspirant davantage d’Aphex Twin. Sans doute le disque de cette série sur lequel je parviens le plus à trouver une identité sonore continue et, je dois le dire, peut-être celui dont je suis (modestement) le plus fier. En espérant que ces quelques mots incitent quelques personnes à se faire une idée sur son contenu.



dimanche 12 janvier 2025

Pour débattre de 2024 (1/3)

 

Pour débattre de 2024 (1/3)

Sans doute notre lectorat, plus nombreux en 2024 que n’importe quelle autre année post-Covid, apprécie-t-il les formats plus resserrés que nous adoptons désormais. Les longues chroniques se font rares, ce qui n’empêche pas les articles fleuves puisque nous aimons trier, classer et forcément débattre, ce qui fait par exemple de nos bilans mensuels de belles opportunités de découvertes. Je saute sur l’occasion pour partager avec vous un bilan tout personnel de cette année musicale. Il y aura forcément de l’underground mais aussi, et c’est ma petite particularité dans l’équipe, (un peu) de mainstream (tout relatif, ne vous attendez pas à voir Billie Eilish pour autant) et même de l’autopromotion (à dose homéopathique, une mention par partie). Ce qui nous fera donc trois volets contenant chacun 8 albums (pour faire 24 en 2024), une autopromotion et un bonus.




24. Four Tet - Three

"Three est du même calibre que son prédécesseur. L’auditeur y entendra des beats à l’efficacité redoutable, mais également une belle panoplie de mélodies et d’effets, puisque l’on retrouve aussi bien des odes electronica rappelant le Caribou de la belle époque qu’un savoureux downtempo, sans oublier les répétitions en basse fréquence chères à Four Tet et les ovniesques Daydream Repeat, premier single, et Three Dreams, morceau final, dont les compositions à tiroirs et les rythmiques explorent tant de directions qu’il serait vain de les résumer."

Lire l’avis complet.




23. Starflyer 59 - Lust For Gold

"Jason Martin, personnage central de Starflyer 59 depuis un premier album homonyme publié en 1994, accouche ici de sa plus belle sortie depuis au moins la moitié des années 2000, soit rien de moins que huit disques. Pourtant, la recette n’a pas changé. L’Américain, adorateur du shoegaze britannique de Ride et Slowdive, ne se fait pas prier pour mâtiner sa musique du meilleur des formations précitées : l’électricité et la batterie rugueuse des premiers et les nappes oniriques des seconds, le tout avec une voix qui tient tout à fait la route."

Lire l’avis complet.




22. kareem - Trax for the year 3G​$​$​$

L’un des rares disques de cette sélection que je n’ai, à l’époque de sa sortie, pas commenté. Il m’a fallu les indispensables rattrapages de mon compère Rabbit pour réécouter cet album qui, étrangement, était passé en dehors de mes radars l’an dernier. Imaginez Antipop Consortium ou Blockhead et une musique industrielle berlinoise. Mélangez l’ensemble, ne retenez que l’atmosphère, sombre et radicale, les instrumentations (on se passe ici de voix) et vous aurez un aperçu de l’uppercut que constitue cet album de kareem !

Lire l’avis des copains dans le bilan de janvier.




21. Emika - HAZE

"Ce n’est plus tout à fait la Emika de Ninja Tune mais, depuis ce premier album, c’est bien la version 2024 de la Britannique qui en est sans doute la plus proche et, assurément, la plus enthousiasmante. La comparaison avec Burial mérite toutefois d’être nuancée puisque l’on ne retrouve pas sur HAZE la noirceur absolue développée par William Bevan. A l’inverse, un certain optimisme noir se dégage parfois de ces compositions qu’on devine essentielles pour l’artiste lorsqu’elle indique : "j’avais ces morceaux dans ma tête depuis plusieurs années, ce disque a sauvé ma vie".
Rien n’est feint dans la démarche d’Emika et cet album rempli de contrastes, non content d’être paradoxalement assez immédiat, se bonifie au fil des écoutes. Percussions façon dubstep donc, voix saccadée, à la fois enivrante et hantée, pianos néoclassiques glacés, réverbérations hantologiques, tout concourt à faire de ce disque une expérience profonde qui ne demande qu’à être répétée à la manière du The Eraser de Thom Yorke - œuvre solo la plus aboutie du leader de Radiohead - dont l’influence semble manifeste sur cet album qu’Emika définit, justement, "comme un mix de Thom YorkeBurial et Nils Frahm."

Lire l’avis complet et celui des copains dans le bilan de mai.




20. Maeki Maii - Sur des charbons ardents

"Difficile de chroniquer un disque-somme de 22 titres mêlant, comme l’explique son auteur, "autant d’inédits que de featurings, des remixes ou des morceaux déjà sortis en singles". D’autant plus délicat lorsque chacun des titres mêle punchlines renversantes et élégance. Maeki Maii possède cette capacité à suivre la direction proposée par les différents producteurs, tout en insufflant aux morceaux son charisme et sa personnalité. De fait, si les instrus évoluent dans des contrées variées, l’auditeur est toujours lié à ce fil conducteur qu’est cette voix qui crève l’écran mais pas les tympans. Forcément, les plus pressés se contenteront de picorer ici et là ce qui leur convient le mieux, et après tout, pourquoi pas. À ce petit jeu, il faudra surtout éviter de passer à côté des deux premiers titres, sur des productions de Sabba et Druggy, des remixes de Wolf City et 154 fRANKLIN aka Innocent But Guilty ou encore Adieu l’ami. En attendant la suite, très vite !"

Lire les avis des copains dans notre bilan d’octobre.




19. vssp - Over the Sun

"Le Girondin a l’air aussi talentueux que sympathique, en atteste la chouette interview qu’il a accordée dans nos colonnes à Ben, et l’univers qu’il déploie sur Over the Sun m’a rappelé, en plus des influences décrites dans la précédente chronique, la facette la plus dépouillée de Ochre ou les travaux ambient de Moby. Profond et mélancolique, jamais anecdotique, ce disque parvient tout simplement à suspendre la notion de temps qui s’écoule."

Lire l’avis des copains dans le bilan mensuel de février.




18. Batard Tonique & NLC - Turbulences

"Nous sommes ici en présence d’un disque majuscule. Aux nappes cotonneuses à tendance néoclassique de Julien Ash s’ajoutent les rythmiques trip-hop de Batard Tronique conférant un caractère intrigant mais néanmoins savoureux et addictif à l’ensemble. Le disque est présenté comme "un voyage de presque une heure au cœur des tempêtes de sable, là où s’égarent les valeureux bédouins habitués au climat hostile, menés par leur sens de l’orientation céleste". Certes, les sonorités orientales font écho à cette pochette issue du désert, mais l’ampleur et l’ambition de ce Turbulences ont également tout de l’odyssée. Très abouti !"

Lire l’avis complet et celui des copains dans le bilan de juin/juillet.




17. Kiasmos - II

"Dix ans après un premier album homonyme, Ólafur Arnalds reprend les choses là où il les avait laissées avec Janus Rasmussen dans le cadre du projet Kiasmos. Et pourtant, la genèse des deux disques n’a rien à voir puisque le premier avait été composé en une quinzaine de jours, tandis que celui-ci découle d’un long travail. Sans doute n’est-il pas exagéré d’avancer que cela se ressent à l’écoute. Les textures se font plus denses et, surtout affluent les détails essentiels à ce type de musique électronique possiblement répétitive. Plus encore, la fusion opère comme rarement entre les arrangements orchestraux (alto, violon, violoncelle) et les productions synthétiques. Loin de ronronner (comme Ólafur Arnalds peut parfois le faire en solo), II est un disque à la fois dynamique et aérien. On en redemande !

Lire l’avis complet et celui des copains dans le bilan de juin/juillet.




Bonus :

Un chouette EP : Theis Thaws - Fifteen Days

"Il faut sans doute s’appeler Tricky pour accoucher ainsi d’une sortie aussi incarnée et teintée de son univers en étant paradoxalement aussi peu présent. En effet, le Britannique délègue ici la production au Français Mike Theis et s’entoure, comme à son habitude, d’une muse pour les parties vocales principales. C’est cette fois Rosa Rocca-Serra, dont l’univers singulier gagnera sans doute à être exploré plus sérieusement, qui endosse avec brio ce dernier rôle comme le contrepied parfait des incursions rauques de Tricky, rappelant parfois Martina Topley-Bird - excusez du peu - pour ce mélange d’intensité, de facilité et d’évidence. Les productions rappellent les heures les plus sombres de la discographie de l’ancien membre de Massive Attack (Pre-Millennium Tension et Angels With Dirty Faces en tête). C’est brumeux, froid, cela devient rugueux quand Tricky sort la tête du terrier, mais c’est d’une efficacité redoutable. Il fallait remonter à False Idols et Ununiform pour retrouver un Kid de Bristol en forme mais il n’avait sans doute pas été à pareille fête depuis le Knowle West Boy de 2008."




Autopromotion : Valgidrà & Antonella Eye Porcelluzzi - Break EP

Un EP sorti, en collaboration avec Antonella Eye Porcelluzzi au chant, en plein mois d’août. Une erreur commerciale, évidemment, à laquelle s’en ajoute une seconde : ce court format fait suite à un autre, intitulé La Colline, paru le mois précédent.
Ce projet me tient à cœur et, comme souvent avec Antonella, le processus de création a été très rapide. Ces morceaux sont donc des extraits d’humeur, les capsules d’une période de quelques jours ou semaines qui ont permis sa genèse, entre trip-hop et spoken word ensoleillé.