dimanche 16 mars 2014

[GJBSF #08] 4 - Sparklehorse - It's A Wonderful Life

Nouvelle étape dans notre Grand Jeu des Blogueurs Sans Frontière. Il s'agit aujourd'hui de parler du "disque que vous écoutez quand tout semble sans issues, histoire de se rouler dans le désespoir..."

Je n'ai pas réfléchi longtemps. Enfin, si. J'ai quand même hésité avec le Electro-Shock Blues de Eels. Quand je pense désespoir, de toute façon, c'est simple, je pense à Mark Linkous et Mark Oliver Everett.

La grosse différence entre les deux, c'est la fidélité de Mark Linkous au désespoir, lorsque E lui a fait faux bond, que ce soit dans sa vie (même si la vie d'ermite qu'il mène ne semble pas être un rayon de soleil quotidien, son autobiographie semble témoigner d'un certain dépassement des malheurs qu'il a vécus) ou musicalement (à partir de Tomorrow Morning, c'est particulièrement criant, mais depuis Hombre Lobo, je dirais).




Mark Linkous, lui, est resté fidèle au désespoir jusqu'à la mort, qu'il s'est lui-même infligée, d'une balle tirée au fusil dans sa poitrine, et ce, près de quinze ans après une overdose ayant failli le laisser pour mort et entraînant une paralysie des jambes pendant six mois. Bref, une vie qui n'a pas grand chose du long fleuve tranquille, mais en termes de désespoir, le sieur s'y connaissait.

Naturellement, sa musique respirait ce désespoir. Mais c'est un désespoir presque chaud, de ceux qui font relativiser le sien. Un petit peu comme les dépressifs qui regardent les témoignages de personnes ayant connu les camps de concentration ou vécu un génocide. Une sorte de fonction cathartique en somme.


Quant à ce It's A Wonderful Life, qu'en dire de plus ? Je ne connaissais naturellement pas Mark Linkous, mais j'ai l'impression que c'est le disque dans lequel son entité transpire le plus, du moins concernant les deux principaux attributs que je repère chez lui : son génie et son côté dépressif, les deux étant de toute façon étroitement liés.

Troisième LP, trois ans après Good Morning Spyder, et dix ans après Vivadixiesubmarinetransmissionplot. Cinq ans avant l'ultime Dreamt For Light Years In The Belly Of A Mountain. Mais assez clairement le plus génial des quatre. Le plus cohérent, le plus noir, le plus mélodique et mélancolique. On ne va pas citer tel ou tel morceau (déjà que j'en ai choisi deux, et donc rejeté neuf), ce serait faire injure à son auteur et à ce disque qui m'aide beaucoup lorsque le désespoir s'approche trop près de moi. Parce que je sais qu'It's A Wonderful Life vaut bien des médicaments. A l'instar de ceux-ci, il convient de ne pas en abuser, auquel cas l'effet pourrait s'estomper. Mais je sais que j'en aurais besoin toute ma vie de ce médoc là...


15 commentaires:

  1. Excellent choix, un artiste que j'adôoooooore (comme dirait Katerine) !
    Et ce disque est mon best of the best de Sparklehorse. Immensément mélancolique, tragiquement beau, superbement triste, mais d'une tristesse lumineuse. Mark Linkous forever !
    Le titre, avec maintenant le recul, s'avère tragiquement ironique.
    A +

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  2. Bon choix de disque, je ne l'écoute pas assez...

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  3. Merveilleux, et en effet cet album a tout du remède, il va clairement du désespoir à la lumière avec quelques-un des morceaux les plus réconfortants que je connaisse quand même (Gold Day, ou le bien-nommé Comfort Me).

    C'est pas moi qui m'y colle aujourd'hui sur Des Cendres à la Cave mais à choisir et si je les avais pas déjà chroniqués tous les deux, dans le dark ça aurait sûrement été You Guys Kill Me de The Third Eye Foundation, et dans l'absolu Electro-Shock Blues.

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  4. je vois qu'on est beaucoup à avoir pensé à Electro Shock Blues....
    Excellent choix El Norton, bien que ce ne soit pas mon Sparklehorse préféré c'est celui qui colle le mieux au thème. "un désespoir presque chaud, de ceux qui font relativiser le sien", exactement, c'est bien ce genre de disque que j'aime à passer dans ces cas là aussi.

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  5. Sublime et tragique album..merci pour cet aveu

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  6. Très bon groupe/musicien. Je ne connais pas encore tout Sparklehorse, ni celui-ci en particulier d'ailleurs, mais ça viendra. Entre ce post et le Chris Bell d'EWG, une autre évidence me vient à l'esprit : Elliott Smith.

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    1. Effectivement Elliott Smith ou Vic Chesnutt (à moins que je les aie loupés chez quelqu'un ?) auraient aussi mérité leur place !

      Either/Or surtout, grand album des moments de déprime pour moi, pour ce côté à la fois triste et réconfortant comme chez Eels et Linkous.

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  7. Bon choix, je ne suis pas sûre que ça soit mon préféré mais peu importe, tout est beau chez lui...

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  8. Moi c'est clairement mon préféré de Sparklehorse. J'ai hésité avec Electro Shock-Blues mais je me suis dit que ce serait trop évident !

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  9. Encore un artiste que je découvre… et qui ne me laisse pas indifférent.
    De belles mélodies et des arrangements vocaux superbes.

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  10. Une belle famille de dépressif!

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  11. Beau choix. On en parlait ici il y a quelques jours non ?
    Un des disques que j'ai de Sparklehorse, et évident pour ce thème. Je ne me suis pas encore complètement imprégné de la musique de Linkous, j'y viens petit à petit depuis quelques années - au milieu de tellement d'autres découvertes - mais il a tous les ingrédients pour me plaire.

    Bravo.

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    1. Oui j'en parlais dans un article où je "pleurais" les 4 ans de sa mort... avec un mois d'avance.

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