Quatre ans se seront écoulés entre Blinking Lights And Other Revelations et son successeur, Hombre Lobo. Ne cherchez pas, c'est un record dans la discographie d'un type qui, jusqu'alors, ne s'était jamais tu deux années consécutives.
Hombre Lobo, c'est un album particulier pour moi. Particulier car c'est le premier dont j'ai accueilli la sortie en tant que véritable fan de Eels (j'avais 16 ans lorsque sortait son prédécesseur et Radiohead avait déjà pris la place de l'objet d'adoration ultime auquel j'accordais 75% de mon temps d'écoute musicale), mais également particulier car c'est le premier qui m'a déçu.
Je l'ai longtemps mis de côté avant de le réévaluer très nettement à la hausse en début d'année 2013 après un concert durant lequel je me suis rendu compte que les morceaux issus de ce disque étaient transcendés sur scène. En réécoutant Hombre Lobo, je me suis aperçu qu'il n'était même pas question de cela : l'album se suffisait à lui-même. J'avais seulement trop attendu de ce disque à sa sortie, ou n'avais pas su le comprendre, ce qui est quand même étonnant puisque ce n'est pas le plus difficile d'accès.
Hombre Lobo, donc, c'est l'histoire d'un E qui revient sous un versant plus immédiat que jamais, dans la continuité d'un Souljacker avec, au choix, un peu plus d'uniformité ou un peu moins d'ambition. Il y a bien ici et là ces éternelles douces narrations sur lesquelles Mr. E nous charme à chaque fois (In My Dreams et The Longing en tête) ou All The Beautiful Things qui sonne très Daisies Of The Galaxy, et qui sont autant d'aération indispensables dans cet opus, mais l'idée ici est bien de démarrer pied au plancher avec un Prizefighter idéal pour ouvrir les concerts.
Il faut savoir que l'année suivant la parution de Hombre Lobo, Eels sortira deux disques : l'un étant particulièrement triste et désespéré, l'autre sur un versant plus optimiste. E voit ses trois disques comme une trilogie (loin d'être évidente avant - et même avec - ses explications) et Hombre Lobo, enregistré en dernier mais publié le premier en est selon lui un "prequel" synthétisant le flou et l'espoir. Tous ces thèmes sont associés à la relation amoureuse (les projets, la tristesse de la rupture et le besoin de repartir de l'avant) lui-même étant alors en instance de divorce avant Hombre Lobo.
Pour ce disque, je retiens Fresh Blood. J'ai toujours apprécié ces morceaux bruts sur lesquels la batterie se fait particulièrement tranchante et le reste des instruments hypnotiques. Ajoutez à cela la voix rocailleuse de E et le cocktail est saisissant. Single du disque, ce titre a eu un léger écho, si bien qu'il m'a été donné de l'entendre craché par la sono d'une piscine grecque il y a un an et demi au milieu des mièvreries habituelles.
Le disque me semble monter en tension jusqu'à ce titre, placé en septième position (sur douze) avant que celle-ci ne redescende tout doucement par la suite. Il en constitue donc à mon sens le climax.
Un morceau représentatif de ce disque : Tremendous Dynamite
Un morceau calme : In My Dreams
Un titre qui aurait fait un single parfait : That Look You Give That Guy
Finalement, entre les lignes, on a un peu la meme impression... Tu notes les 4 ans d'écart, et je lis "versant plus immédiat.... moins d'ambition", exactement ce que je disais dans un de mes commentaires précédents.
RépondreSupprimerMoi aussi j'ai beaucoup réévalué ce disque, sans doute aussi grâce aux version live (et un peu aux deux disques suivants, que je trouve vraiment mauvais). A la première écoute, je l'avais trouvé catastrophique, aujourd'hui je le trouve inégal, j'en garderai une moitié (principalement les titres pechus, Hombre Lobo inaugure une très longue période où les balades de E ne me feront plus ni chaud no froid). Mon titre favori est "Tremendous Dynamite", devenu un grand classique aujourd'hui...
Moins d'ambition certes, mais de peu. Et rien de rédhibitoire de mon côté. Wonderful, Glorious n'étant pas un album hyper ambitieux mais fait quand même partie du haut du panier pour moi. Il en va un peu de même pour Hombre Lobo.
SupprimerJe te rejoins sur le fait que les balades se font un peu moins enthousiasmantes, bien qu'elles ne me laissent pas de marbre pour ma part.
Bon choix que ce "Fresh Blood" mais quant à moi, si je met de côté l'imparable "That Look...", je retiendrai "What's A Fella Gotta Do"
RépondreSupprimerPas le choix le plus évident pour ma part, mais pourquoi pas !
SupprimerA la fois compact et protéiforme, pas loin d'être mon disque préféré du bonhomme.
RépondreSupprimerMélodies évidentes, textes aussi simples/tordus que d'habitude : rien à jeter ici, j'aurais même du mal à choisir un morceau.
Ma femme est dingue de My Timing Is Off alors va pour My Timing Is Off ...
Pas mon disque préféré mais il s'est invité dans la moitié haute de sa disco. C'était pas gagné au départ et My Timing Is Off est en effet un des sommets de cet opus.
SupprimerComme je m'étais juré, j'ai été voir dans ma discothèque ce que j'avais pris, dont celui ci bien noté par MAGIC. Ensuite, je suivais de loin en loin tes chroniques, mais je reviens sur celle ci et donc, j'attaque. Premier titre tout à fait dans mon humeur. Une voix éraillée comme je les aime, orchestration simple mais pas simpliste et je découvre un "écrivain de chanson" un chansonnier? Bon, un Songwriter, ça sonne mieux. Je pensais, dommage, que Franck Black Francis n'ait pas les mêmes facilités, mais je l'aime donc plus tolérant, alors que celui que tu évoques, je ne connaissais pas comme personnalité .... chouette découverte
RépondreSupprimerBon, ben voilà. J'ai beaucoup aimé l'ambiance de l'album, pas capable de tirer un titre en particulier, peut-être le premier pour la surprise et le FRESH BLOOD pour ton influence. A+
RépondreSupprimerJe suis ravi que tu aies pris la peine de découvrir le bougre de par cette saga. Hombre Lobo est un bon album pour l'appréhender : il est très bon, dans une veine assez représentative de sa disco. Et là où il est parfait pour découvrir Eels, c'est que ce n'est pas son meilleur. En fouillant bien, tu pourrais trouver encore mieux =)
SupprimerQuand même je connaissais bien "Beautiful Freaks" et un peu "daisies" j'ai bien aimé sans penser à le suivre comme un auteur, ce que j'ai fait avec Franck Black par exemple. Après ton papier, je me suis repenché sur le bonhomme qui effectivement semble complexe et talentueux
SupprimerJ'aime quand c'est immédiat, j'adore cet album.
RépondreSupprimerPar contre suis-je le seul à entendre un côté Bee Gees dans That look you give ? (Sérieusement, écoute la montée au refrain)
That Look You Give That Guy me fait penser à des trucs assez inavouables de style "année 80 de la chanson française". C'est ce côté inavouable qui me gâche un peu le plaisir de ce morceau par ailleurs imparable. Bee Gees ? Je ne sais pas, je ne les connais pas assez =)
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