La besogne fonctionne encore avec Blinking Lights & Other Revelations qui, deux ans après Shootenanny ! accentue davantage la dimension introspective déjà prononcée chez son prédécesseur.
C'est d'ailleurs la dernière fois que cette histoire de binômes sera recevable dans sa discographie, mais nous le verrons plus tard.
Nous sommes donc en 2005 et E a depuis longtemps en tête le projet de faire un album quasi-autobiographique (avant même de composer Shootenanny !, il planchait déjà sérieusement sur cet opus, bien avant même puisque certains titres datent de 1998 et 2000). Blinking Lights & Other Revelations sera un double album (le seul de sa disco, si l'on exclut les b-sides et compilations).
C'est l'opus sur lequel Mr E semble le plus seul musicalement. Cela s'explique assez bien puisqu'il s'est brouillé avec le fidèle Butch en 2003 (pour une histoire d'argent, forcément) et l'a remplacé par un autre batteur. Le disque étant en cours d'enregistrement depuis longtemps, certains morceaux sont joués par l'un ou l'autre. Cet isolement s'explique aussi par le caractère immédiat et percutant des morceaux. Ceux-ci sont assez courts, Everett n'a donc pas besoin de déployer des tonnes d'effets pour en assurer l'évolution et le développement, il peut donc assurer l'essentiel des parties instrumentales.
Comme toujours avec les doubles albums, il y a à boire et à manger mais en toute honnêteté, j'aurais du mal à déceler de vrais creux sur ces deux disques. Il y a bien quelques titres plus anecdotiques (comment faire autrement avec 33 morceaux s'étalant sur une heure et demie ?) mais pas d'enchaînements mineurs, et suffisamment de qualité par ailleurs pour assurer l'équilibre.
On y trouve beaucoup de ritournelles au piano dépouillées (certains font de Suicide Life et The Stars Shine In The Sky Tonight de grands moments du disque, pour ma part ce n'est pas cette veine là que je préfère ici) mais aussi un certain nombre de titres pleins d'entrain comme Hey Man, Old Shit/New Shit, Going Fetal ou même Losing Streak. C'est avec ce disque que Mr E retrouve une certaine légèreté (elle reste relative, évidemment). Elle est particulièrement prégnante sur le CD2 (mon préféré, je crois). Blinking Lights & Other Revelations déroule ainsi le fil de sa vie de manière chronologique en respectant l'évolution des ambiances.
Et malgré tout cela, je choisis un morceau triste parlant de rupture amoureuse pour illustrer ce disque. J'ai longtemps tenu ce I'm Going to Stop Pretending That I Didn't Break Your Heart comme l'un des titres les plus poignants de son répertoire.
Un titre efficace enjoué : Old Shit/New Shit
Le thème "gimmick" du disque : Blinkijng Lights (For You)
Un autre morceau représentant bien l'esprit de ce disque : Railroad Man
Comme tu dis, un double album contient forcément des titres un peu moins essentiels, mais dans l'ensemble il n'y a pas grand chose à jeter. C'est aussi le premier disque de Eels où l'on commence à entendre pas mal de redites. Je ne trouve pas ca très gênant sur Blinking Lights, car je considère ce disque comme un résumé de la carrière de Eels, donc forcément on retrouve un peu de tout ses disques précédents dans celui ci, c'est ca aussi qui fait sa force. Je considère ca aussi comme un point final, une fois son chef d'oeuvre sorti, E passera à autre chose, un truc non plus solitaire mais en groupe, avec moins de réflexion, moins d'innovation, plus d'instinct et de savoir faire (et, en ce qui me concerne, beaucoup moins de réussite).
RépondreSupprimerBeaucoup de bons titres, mais je ne suis pas trop fan de celui que tu as sélectionné. Je prendrai "If you See Natalie", le dernier grand titre de Eels selon moi....
If You See Natalie est un titre que j'apprécie, mais pas au point de le considérer comme un grand titre de Eels ;)
SupprimerJ'ai l'impression que finalement, au-delà des 4 premiers albums de Eels, nos points de vue sur sa disco divergent assez clairement ;)
4 albums, c'est déjà pas mal ! on aurait sans doute du mal à trouver d'autres artistes dans ce cas... et puis je pense qu'il y a peu de fans qui ont un autre album de Eels favori que parmi ceux ci...
SupprimerMalheureusement, je me dois de reconnaître que je partage ton avis concernant le fait qu'il y ait bien peu de fans de Eels dont l'opus préféré est à chercher ailleurs que dans les 4 premiers.
SupprimerHonnêtement, Tom Waits qui vient brailler (euh rugir ...) sur ton disque, même subrepticement, c'est la classe non ?
RépondreSupprimerFaut quand même que je vous avoue mal comprendre cette notion de ''chef-d'œuvre/aboutissement d'une carrière'' que beaucoup, dont la presse unanime, ont accolé à ce disque.
Une étape dans la carrière du bonhomme à mes yeux mais pas plus (et c'est déjà beaucoup)
Allez, j'en démords pas : Going Fetal !
J'aime beaucoup Going Fetal également.
SupprimerEt je suis d'accord sur le fait que je ne considère pas BL comme un chef-d'oeuvre (par rapport à la disco de Eels) encore moins un aboutissement.
Un bon album dans la moyenne haute de sa disco.
bof, les médias, ils ont été capables d’être unanimes en désignant le Cautionary Tales comme un chef d’œuvre alors... Je suis bien d'accord que BL n'en est pas un, surtout si on le compare aux trois premiers albums. En revanche je maintiens que BL est un "aboutissement" à sa manière, il est à part dans la discographie, car selon moi préparé depuis bien longtemps par E (certaines chansons datent probablement d'avant le Beautiful Freak...). E a tout donné dans ce disque, que lui meme considère comme un aboutissement. Pour moi il y a clairement un avant et un après Blinking Lights, et ce n'est pas surprenant que la durée la plus longue séparant 2 disques de Eels soit justement celle suivant le BL, temps pour faire le deuil de ce disque qu'il portait depuis si longtemps, et trouver l'envie et la force de se tourner vers autre chose...
SupprimerQu'il y ait un "avant" et un "après" BL, c'est quelque chose que je repère clairement aussi.
SupprimerQu'il ait préparé cet opus depuis des années, c'est certain (avant BF, c'est pas sûr cela dit, j'ai lu 1998 et 2000 pour la date à laquelle il a commencé à réfléchir à ce disque, bon après, ce n'est en rien un gage de vérité).
Après, sur le terme d'aboutissement, j'ai plus de mal, même si je vois ce que tu veux dire par là. Ca doit être lié à ce qu'il y a de sous-jacent que j'attache à ce terme. J'ai tendance à considérer un aboutissement, dans une carrière artistique, comme quelque chose d'indépassable faisant suite à une démarche nourrie depuis longtemps et enrichie par les différentes étapes.
Si la deuxième partie de cette idée sied tout à fait à BL, la première (le côté indépassable) l'est moins à mon sens.
Encore une fois, cette définition n'a rien d'officielle ni même de correcte, c'est juste celle que j'ai tendance à lui associer.
Pas de problème, aucune obligation évidemment de suivre la saga ou d'écouter quoi que ce soit.
RépondreSupprimerSi celle-ci permet ne serait-ce qu'à une personne d'accrocher à un album de Eels qu'elle ne connaissait pas, je serais ravi =)