Et ça méritait quand même très largement un clin d'oeil au minimum. Quand on voit à quel point la toile s'est déchaînée (je parle de mes contacts, qui partagent donc un spectre d'affinités musicales proches), on mesure à quel point le vide est grand. Je lui rends donc hommage en retard, mais cela permet de ne pas (trop) être dans la réaction. C'est peut-être aussi bien ainsi.
Je parle de vide et pas de manque, car Mark Hollis s'était retiré voici vingt ans du monde de la musique, expliquant qu'il n'arrivait pas à être un bon père en étant en tournée la majeure partie de l'année. Là aussi, le choix ne peut que l'honorer... Et je me prends à rêver qu'il ait continué à composer tranquillement chez lui, et que ces trésors puissent être exhumés.
Mais en attendant, il convient de revenir sur Spirit of Eden, mon album préféré de Talk Talk, dont Mark Hollis était l'incontestable leader, bien que brillamment assisté par Paul Webb. En 1988, un mois avant ma naissance, ce disque était une véritable claque envoyée à la face du monde. Quatre ans après les singles It's My Life et Such A Shame, Talk Talk confirmait le virage entrepris deux ans plus tard avec The Colour of Spring. Mais en allant cette fois plus loin.
Grâce à ses succès précédents, Mark Hollis s'offre le luxe de s'enfermer en studio avec ses musiciens pendant des semaines. L'argent n'est plus un obstacle à l'accouchement de merveilles à venir. Cela laisse toute la place à l'expérimentation. Mon idole de jeunesse Thom Yorke a emprunté à Mark Hollis au niveau instrumental, mais aussi dans cette capacité à créer un tube candide qui assure la célébrité et l'argent nécessaires à l'acquisition d'une certaine liberté...
La pop/new wave des débuts est rangée au placard. L'Anglais écoute ses compères jouer, extrait quelques bribes d'improvisations pour nourrir la structure de ses nouveaux morceaux. Trois ans après, Laughing Stock suivra. Et il sera presque aussi bon. Il accouchera également en 1998 d'un album solo, que certains considèrent comme le troisième volet de cette trilogie, même s'il me touche moins.
Mais revenons à Spirit of Eden. C'est LE disque qui m'a permis d'ouvrir mes affinités musicales au free jazz. Même si je suis très loin d'être un connaisseur, ces expérimentations cuivrées, ces changements de rythme, cette tension croissante, ce dénuement, cette rugosité soudaine, ces tessitures travaillées... The Rainbow ouvre Spirit of Eden, et c'est sans doute pourquoi je le mets ici en avant. Car on se souvient surtout du premier impact. Qu'il est associé à une certaine nostalgie. Celle du post-ado qui découvrait avec autant d'enthousiasme ces compositions que le plaisir d'apprécier leur complexité permettait une certaine émancipation. Je me sentais digne d'intérêt car j'avais accès à cette musique complexe, mais finalement accessible tant elle vient du coeur et s'adresse à celui des autres.
Merci Mark Hollis pour l'ensemble de cette oeuvre qui ne vieillira jamais.
Son alter ego Scott Walker s'est empressé de le rejoindre ... Les deux à la suite c'est un peu rude
RépondreSupprimerCa fait beaucoup en effet...
SupprimerSpirit of Eden. Acheter d'occasion pour 10Francs chez un disquaire en Vinyl...
RépondreSupprimerPour ce qui est de la musique, tu devrais citer Tim Friese-Greene qui aura su merveilleusement produire le groupe. Il aura été l'équivalent de Godrich chez Radiohead...
J'avoue que je ne connais pas assez Tim Friese-Greene pour parler de son travail, mais tu fais bien d'effectuer cette précision. Je vais creuser un peu la question.
SupprimerBeau rythme compte tenu du fait qu'il est si vieux depuis 1998 mais qu'il sonne toujours bien.
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