LDDB : 6/ La chanson associée à un voyage inoubliable : Air - Alone In Kyoto (2004)

Instant confession : je suis un petit peu obnubilé par la musique et par les titres des chansons qui me sont cultes. Et j'essaie de les faire coller à mon actualité.

Aussi, le 14 avril, j'aime écouter le April 14th d'Aphex Twin, et je fais de même le 9 juin avec le June, 9th de Boards of Canada. J'attends également 2043 pour faire du morceau homonyme de Bashung ma bande sonore de l'année. Bref, ces signaux sont un peu pathologiques, et j'en ai conscience.

J'aime faire de même lorsque je voyage. Et comme j'étais l'an passé au Japon, je me suis réfugié dans les travaux de certains artistes locaux, Dj Krush en tête. A la réflexion, il n'y a pas que l'aspect pathologique de cette passion musicale démesurée qui l'explique. Sans doute est-il question de chercher à se connecter au plus près avec les conditions qui ont mené à la création de l'oeuvre. Se connecter au lieu, ou à l'époque de la composition, sont alors des moyens de sentir plus étroitement l'oeuvre. Ou pas.

Quoi qu'il en soit, lors des quelques jours passés à Kyoto, j'ai forcément fait d'Alone In Kyoto ma bande originale. Mais j'ai eu très peu l'occasion de l'écouter, finalement. Car ce titre s'écoute dans sa bulle, en déambulant dans les rues quasi-désertes de la ville (c'est du moins ainsi que je me l'imaginais mais je n'ai pas vu le film de Sofia Coppola dont il sert de support, il faudra que je répare cette erreur), et nous avions choisi de dormir à Osaka plutôt qu'à Kyoto (où nous bénéficiions de logements nettement plus abordables, dormir dans l'ancienne capitale nippone ressemblant à un luxe ultime).

Ce qui signifie que Kyoto ne s'ouvrait à nous qu'entre 10 et 18 heures pendant 4 à 5 jours. Quelques petites escapades en solitaire pour aller acheter des bentos peu après le coucher du soleil m'ont donc permis de reproduire exactement les scènes que j'imaginais depuis dix ans en écoutant cet instrumental imparable.

Une nuit noire, les écouteurs sur les oreilles avec la douce mais puissante et mélodieuse ritournelle Alone In Kyoto en fond sonore, les buildings côtoyant les temples traditionnels, l'ordre absolu dans les rues, quelques locaux qui se déplacent, le silence à proximité, l'agitation au loin. Un sentiment de plénitude éphémère mais agréable. La musique et les voyages sont étroitement liés dans mon univers...