Début janvier ne constitue pas souvent la période la plus riche en sorties de disque, et c'est sans doute l'une des raisons pour lesquelles je ne joue pas vraiment le rôle de défricheur ces temps-ci. Du Biolay, du Radiohead, rien de très nouveau sous le soleil...
Et pourtant, avec You And Whose Army ?, je ne relaie pas un morceau historiquement majeur (je parle de mon rapport au groupe) dans la discographie de Radiohead. Quatrième piste d'Amnesiac, You And Whose Army ? est même typiquement le genre de titre que j'avais pris pour habitude de "zapper" lorsque j'écoute (trop) rapidement le disque.
Il faut dire qu'après le fabuleux diptyque d'ouverture Packt Like Sardines/Pyramid Song et la transition Pulk/Pull Revolving Doors, le disque ne ménage pas l'auditeur d'entrée, si bien que l'émotion ressentie à l'écoute du titre suivant est peut-être impactée.
Mais le déclic, je l'ai eu cet été, pour la première fois. Cela me fait penser à un épisode de How I Met Your Mother, où Barney Stinson explique la "théorie de la sirène" selon laquelle, du jour au lendemain, un homme peut être amené à trouver une femme désirable alors même qu'il la côtoie depuis longtemps sans jamais lui avoir trouvé une once de charme.
You And Whose Army ? pouvait m'agacer et cet été, à l'occasion d'un trajet en voiture pour revenir du boulot, j'en ai enfin décelé toute la grâce, le nectar, la délicatesse. La puissance, surtout. You And Whose Army ? est devenu pour moi une sirène.
Il faut dire que le morceau peut pêcher par une introduction minimaliste sur laquelle le chant de Thom Yorke est volontairement tourmenté à un point tel que la peine surclasse la beauté de son timbre. Mais ce minimalisme n'est pas fait pour durer. Et dès lors que la machine s'emballe, les tourments vocaux deviennent emplis de grâce, les accords de piano battent une mesure métronomique d'une puissance inégalable, et la batterie accroît cette impression.
Ce titre, je l'ai donc réellement apprécié cette année, et redécouvert le week end dernier, à l'occasion du visionnage d'Incendies, film du canadien Denis Villeneuve, qui est décidément en passe de devenir l'un de mes réalisateurs préférés. Ce fan de Radiohead (Codex concluait déjà l'excellent Prisoners) grill sur Incendies sa cartouche Radiohead dès la scène d'intro, visible ci-dessous. Il s'offrira même un bonus avec Like Spinning Plates plus loin dans le film.
En tout cas, cette version de You And Whose Army ?, avec le regard de cet enfant-soldat (léger contresens dans l'utilisation du titre du morceau d'ailleurs, qui n'est pas à prendre au sens littéral militaire mais constitue une expression britannique signifiant, en gros, "tu es trop seul pour que tes menaces m'effraient") est d'une puissance difficilement égalable.
Effectivement c'est simple et magnifique, tout en crescendo et pourtant se titre ne m'avait pas marqué non plus dans amnesia. Très bonne idée de l'individualiser dans cet article pour le mettre en valeur !
RépondreSupprimerIl y a quelques mois, j'ai vu Premier Contact, c'était la première fois que je voyais un film de Denis Villeneuve et j'ia pour le moins été bluffé ! Je soterai sur l'occasion, si j'ai l'opportunité de regarder le reste de ses films. D'ailleurs il a été annoncé pour le réaliser Dune, pressé de voir ce qu'il proposera. Intéressé aussi par ce Blade Runner 2, même si le choix de Ryan Gosling m'a un peu surpris (un acteur qui manque de noirceur et de caractère à mon goût, pour ce genre de rôle).
Ravi de voir que je ne suis pas le seul à avoir réévalué ce morceau une fois extrait de son ensemble.
SupprimerPas vu Premier Contact, j'avoue que cet univers me tente moins alors que je dévore tous les Villeneuve. Je ne sais pas si je le regarderai, mais curieux de découvrir sa revisite de Dune.
"Premier Contact" a été un de mes 5 films 2016 préférés !! un film de S.F métaphysique et onirique, émouvant et dénué de tout excès spectaculaire. Une ode poétique sur la vie, superbe méditation sur le temps et sa relativité doublée d’une réflexion pertinente sur le langage, la peur de l’autre et ses conséquences géopolitiques. Une totale réussite, autant formelle, thématique que philosophique. Je te le recommande plus que chaudement !!!
RépondreSupprimerPour ce qui est de ce titre de Radiohead, c'est vrai qu'il est pas mal. D'apparence faussement "simpliste", il se dévoile au fil des écoutes.
Et moi aussi, je suis un grand fan de la série "How I Met Your Mother". Je me suis même payé l'intégrale DVD. La bande son très Indie, les dialogues savoureux, les situations décalées, les personnages très réalistes (auxquels ont s’identifie forcément), la mise en scène très inventive.....en font un bijou de série...très générationnelle !!
A +
Bon, vous allez me donner envie de le regarder ce Premier Contact, finalement...
SupprimerRavi de voir que tu apprécies également HIMYM. Sans spoiler, fais-tu partie de ceux qui ont été déçus de la fin ?
J'arrive après la bataille, mais ce titre m'a toujours beaucoup touché, c'est marrant de voir des avis comme le tien du coup ;)
SupprimerGros fan de HIMYM, j'ai été satisfait de la fin de la série sur le fond (habile twist final et justification de la série) mais déçu sur la forme (beacoup trop vite amené... si peu de la mère ? Après une ultime saison aussi insipide poussive et trainarde, vraiment ?)
Assez d'accord avec ta vision des choses sur la fin d'HIMYM, j'ai adoré l'idée de la fin, donc le fond. Les deux dernières saisons étaient effectivement plus poussives, j'ai trouvé.
SupprimerPour Radiohead, vous êtes plusieurs à adorer ce titre depuis longtemps, c'est donc juste que je suis long à la détente =)
Ca a toujours été un de mes titre préférés de Radiohead tiens.
RépondreSupprimerJe suis parfois long à la détente, la preuve !
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