vendredi 10 février 2017

Godspeed You! Black Emperor - Pis Crowns Are Trebled (2015)

Godspeed You! Black Emperor est un groupe mythique, mais il est parfois difficile d'extraire un titre de leur discographie. Leurs disques sont des oeuvres massives composées de quelques morceaux seulement qui peuvent s'étendre jusqu'à vingt minutes chacun.

Leur sommet reste Yanqui UXO  (2002) produit par Steve Albini et qui a attendu dix ans pour avoir un successeur avec 'Allelujah ! Don't Bend ! Ascend ! (2012). Le cinquième disque des Canadiens, intitulé Asunders, Sweet and Other Distress est pour sa part sorti en 2015 et reste l'un de mes albums préférés de ce cru. Si son prédécesseur et quelques sorties d'A Silver Mt Zion (formation où l'on retrouve bon nombre de musiciens de Godspeed You! Black Emperor y compris le leader Efrim Menuck qui y donne cette fois de la voix) m'avaient déçus, Asunders, Sweet and Other Distress rappelle qu'en matière de post-rock, on ne fait pas mieux que Godspeed You! Black Emperor.

Ce disque contient quatre titres, dont deux de drone (la deuxième et la troisième) qui ne sont pas les plus marquantes. Mais franchement, le premier et le dernier - ce Piss Crowns Are Trebled - sont d'une qualité inouïe. Ce dernier, transition oblige, débute par des drones, avant que la batterie puis le violoncelle et les guitares électriques n'apparaissent progressivement sur la deuxième partie du morceau.

Mais le coup de grâce est porté à 5'30 avec l'entrée dans la troisième partie du morceau, la plus jouissive. Les cordes frottées occupent alors tout l'espace, soutenues par un ensemble martial et parfois arythmique de toute beauté. On a ici à faire la transcendance à l'état pur.

Mais la quatrième et dernière partie du titre est au moins aussi marquante. Plus martiales et métronomiques que jamais, les percussions donnent un aspect automatique à un ensemble dominé par des cordes humanisées. En ressort alors l'impression d'un cortège, d'une masse, qui répond aveuglément à un ordre donné par une instance autocratique. Lorsque l'on connaît les penchants politiques de GY!BE (ils étaient sortis de leur mutisme discographique pour se rallier aux étudiants canadiens et au mouvement du printemps d'érable, mutisme entrepris d'ailleurs suite à des divergences sur la manière de faire entendre leur farouche opposition à la guerre en Irak), on se dit qu'il n'y a peut-être pas un si gros décalage entre ce que l'on perçoit de cette composition massive, et la signification qu'ils ont voulu lui prêter.

1 commentaire:

  1. Le deuxième est très bon, mais pas au niveau de Yanqui UXO à mon sens, leur graal ultime.

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