vendredi 27 décembre 2013

[GJSF#01] Mercury Rev - All Is Dream (2001)

Il y a plus d'un mois, l'excellent blog des Mangeurs de Disques organisait la septième édition de son grand jeu sans frontière. Le principe ? A raison d'un disque tous les deux jours, il s'agissait d'écrire quelques lignes sur l'opus choisi en fonction d'une contrainte. A l'époque, je n'avais pas joué (et pour cause, je n'avais pas de blog), mais j'avais attentivement suivi ce qui se faisait. Je crois que ce jeu a d'ailleurs éveillé chez moi l'envie de créer mon propre blog, mais c'est une autre histoire. Bref, on commence avec la première catégorie :
THE WEAR DON'T MAKE THE MONK ! / Pochette hideuse mais disque génial.


All Is Dream de Mercury Rev. Je ne sais pas à quoi ils ressemblent les rêves de Mercury Rev, mais s'ils sont à l'image de la pochette du disque, ça ne me donne pas franchement envie de voyager dans l'inconscient de Jonathan Donahue et ses compères. Des couleurs (ce mélange de bleu foncé, d'orange crade et de vert foncé est sans doute une des plus grosses folies de l'histoire du mauvais goût) à la superposition des différents éléments (vous y arrivez, vous, à déterminer de quoi il s'agit ?), cette pochette a le potentiel pour entrer dans n'importe quel musée des horreurs.

Mais aussi vilain soit-il, l'arbre ne doit pas cacher la forêt. Une fois la galette posée sur le tourne-disques (ce disque a déjà 12 ans, gageons que peu de gens l'aient découvert en cliquant sur un fichier mp3), c'est en revanche une tout autre histoire. Après The Dark Is Rising, une jolie mise en bouche, vient Tides of the Moon.

Ce morceau se place dans la lignée des deux sommets (Holes et Goddess on a Highway) de Deserter's Songs, réalisé trois ans avant All Is Dream. Je crois même pouvoir dire qu'il les surclasse. Tout est sublime sur Tides of the Moon, que ce soit la gratte de Sean Mackowiak, la batterie de Jeff Mercel, les différents arrangements mais surtout la voix éthérée comme jamais de Jonathan Donahue.

Un Chains et un Lincoln's Eyes de haute volée plus tard, on arrive au plus beau morceau jamais composé par le groupe. Nite And Fog. Tout ce qui fait de Tides of the Moon un morceau incroyable et qui serait le sommet d'à peu près n'importe quel discographie est ici sublimé. Sur Nite And Fog, les musiciens se coordonnent comme jamais et réussissent un travail de funambule assez incroyable pour que ce morceau, qui pourrait facilement être dégoulinant, frôle le sublime. Je vais me répéter, mais si l'on croyait sur Tides of the Moon découvrir la voix de Jonathan Donahue au sommet de sa forme, c'est bien ici qu'elle l'est, alternant des passages relativement simples vocalement à d'autres, à l'entrée du refrain, assez jouissifs. 

Difficile de donner une suite à un album après un tel morceau, mais Mercury Rev y parvient en offrant d'abord un Little Rhymes, en lequel on voit d'abord un titre de transition apaisant et qui évolue tranquillement vers une pop éthérée de haute facture. Ce morceau sera d'ailleurs le troisième et dernier single retenu par le groupe. A Drop In Time et ses orchestrations délicieuses puis You're My Queen, presque Sparklehorsien dans sa construction nous conduisent ensuite vers un Spiders & Flies tourmenté où les instruments se mettent en retrait pour laisser le chanteur exprimer lesdits tourments puis Hercules, dernier morceau qui clôt calmement mais parfaitement le disque.

Changement de cap, si la pochette ne me donnait pas envie d'envahir les rêves des Américains, leurs compositions, elles, sont plus propices à une telle investigation. Et si elle n'est foncièrement pas belle, je me suis attachée à cette illustration. Parce qu'elle est liée à un grand disque, mais aussi car elle est assez adaptée à celui-ci. Un espèce de patchwork alternant des ambiances variées, voilà le point commun entre le contenu et le contenant. L'un est sublime, l'autre dégueulasse, mais ça c'est une autre affaire.

J'ai cédé à la facilité en effectuant une revue de chaque morceau, je ne le ferai pas à chaque fois. Je ne trouve en effet pas ça particulièrement agréable pour le lecteur et ça n'apporte pas toujours grand chose comparé au nombre de lignes que ça prend.

Pour écouter (sur Deezer, désolé), c'est par ici.

13 commentaires:

  1. C'est sympa de nous refaire le Grand Jeu!! J'ai hâte de découvrir tes autres choix...pour celui-ci je ne trouve pas que la pochette soit si moche mais bon, les goûts et les couleurs (comme on dit...)...quant à la musique je suis restée tellement scotchée au "Deserter's songs" que je l'ai moins écouté celui-là mais j'y reviendrai...

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    1. Oui, comme tu dis, les goûts et les couleurs... Du coup, je suis curieux d'avoir d'autres avis sur cette pochette, mais ça ne m'étonnerait pas que certains la trouvent sympa, quand je lisais le jeu sans frontières au mois de novembre, je trouvais certaines pochettes pour cette catégorie totalement acceptables. Heureusement qu'on a pas tous les mêmes avis là-dessus.
      A l'inverse, c'est le Mercury Rev que j'ai le plus écouté. J'ai rien écouté d'eux avant Deserter's Song (que j'adore aussi). Il semble que leurs influences étaient plus expérimentales avant. The Secret Migration est sympa aussi, mais assez loin de ses deux prédécesseurs, il faut le dire.

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    2. Très bon album de Mercury Rev, peut être bien leur dernier même car après, ça se gâte vraiment. Du moins perso, j'ai pas accroché à leur évolution Prog' lyrique grandiloquente. J'ai eu beaucoup de mal avec "The Secret Migration" et j'ai même pas écouté "Snowflake Midnight" !!!
      Bref, retour à l'époque de leur grandeur. Ce "All Is Dream" est presque aussi bon que "Deserter's Song" qui, rappelons-le, fut un des grands disques de 1998 !!! Quand à la pochette de "All Is Dream", je suis bien de ton avis. Elle aurait eu sa place dans le Grand Jeu, sans problème.
      Tu dis que tu n'as rien n'écouté de Mercury Rev avant "Deserter's Song". Je te conseille vivement leurs premiers LP's et particulièrement le first "Yerself Is Steam" (1991). Mais attention, univers savamment déjanté et malade : noise, collages sonico-déjantés, néo-Psyché ultra poisseux et Space rock lysergique. La première fois que je l'ai mis sur la platine, après moulte écoutes de "Deserter's Song" ou "All Is Dream", j'ai été surpris, me demandant bien si c'était le même groupe !!!
      Et dans la foulée, poursuit par les suivants, c'est à dire "Boces" (1993) et "See You On The Other Side" (1995)......Grande épopée sonique barrée et, à la clef, remontée lysergique assurée !!!
      A +

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  2. Hello,
    Personnellement je suis régulièrement ces nouveaux groupes "ressortissants" du prog avec les Porcupine tree, et autres Dream Theater...
    Certaines "leçons" du genre ont été parfaitement digérées et les mouvances actuelles se sont incluses en synthèse dans ces compositions en règle général d'une excellent facture et dotées de "réflexion"...
    Je ne connais pas vraiment, pourtant, cet album mais cette excellente chronique va me faire m'y intéresser de plus prêt.
    Donc, c'est parti...
    à +

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    1. Salut,
      J'ai beaucoup entendu parler des Porcupine Tree, mais je n'ai jamais vraiment accroché (il faut dire que je ne leur ai pas donné de vraie chance, je l'avoue). Je ne connais en revanche pas du tout Dream Theater.
      N'hésite pas à revenir nous dire ce que tu as pensé de cet album de Mercury Rev.
      Et merci de venir donner ton avis par ici !

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    2. Dream Theater c'est assez affreux, rien à voir avec Porcupine Tree heureusement (mon petit frère m'imposait DT quant il était ado, plus grandiloquent et démonstratif tu meurs).

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    3. C'est noté, je vais faire l'impasse dessus. Je garde Porcupine Tree en tête, par contre.

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  3. Bien vu l'idée de refaire le GJSF, je vais suivre ça avec intérêt ! :) Encore une fois, y'a bien pire comme pochette, même si elle est clairement pas jolie, mais ce n'est que mon avis.
    De Mercury Rev, je vénère Deserter's Songs, mais je ne connais absolument rien d'autre pour le moment. Un des plus grands disques des nineties celui-là, au passage, enfin au moins pour moi.

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    1. C'est marrant, pour moi All Is Dream est clairement le sommet de la discographie de Mercury Rev et c'était indiscutable, mais au vu des retours, je vais être condamné à revoir ma position et reclasser (ce qui veut donc dire réécouter avec attention) ce Deserter's Song que j'adore mais que je trouvais un poil inégal.
      Pour la pochette, il y a sans doute pire en effet, mais je la trouve sacrément dégueulasse cette pochette. Dur de faire l'unanimité dans le choix de l'horreur, c'est marrant.

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    2. Celui-ci est moins connu, peut-être (en tous cas par moi clairement). D'où son éventuelle sous-estimation. Deserter's Song est le seul que je connaisse de Mercury Rev, et donc pour moi, son sommet ^^

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  4. Chouette idée de repasser sur le jeu !

    J'ai énormément écouté ce disque à sa sortie (toujours bien aimé la pochette d'ailleurs), le premier que j'ai acheté du groupe et celui par lequel j'ai réellement plongé dans leur disco, et pourtant Deserter's Songs m'a fait un tout autre effet, largement leur meilleur à mon avis (et je dois dire qu'avec le recul je préfère même The Secret Migration à All Is Dream, trop mésestimé ce disque qui est loin d'être dégoulinant comme beaucoup le prétendent, idem pour Snowflake Midnight que j'avais eu beaucoup de mal à défendre à sa sortie face à une levée de boucliers que je n'ai jamais réussi à comprendre).

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  5. P'tain, je ne connaissais pas le blog organisateur du jeu, donc je suis passé à coté... Pourtant j'adore ce genre de jeu, qui devient rare depuis quelques années sur la blogosphère.... Du coup, je vais peut etre faire comme toi, le faire a posteriori!
    Excellent choix pour cette rubrique, je trouve aussi que la pochette est aussi moche que le disque est beau !

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    1. J'ai découvert le jeu tardivement également (surtout quand on sait qu'ils en sont à leur 7ème édition). Je serai très attentif à tes choix si tu participes toi aussi à posteriori !
      Ravi de voir que je ne suis pas le seul à la trouver moche cette pochette en tout cas.

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