Alors qu’une collaboration avec Hans Zimmer devrait déboucher sur la bande originale du Blue Planet II réalisé par David Attenborough, Radiohead semble décidément être dans une phase où les images comptent. Vingt ans après la composition d’un Lift finalement présent cette année sur OKNOTOK, réédition de l’anthologique Ok Computer,les Britanniques offrent enfin un écrin visuel à ce titre qui n’aura pas manqué d’alimenter les fantasmes des uns et des autres.
La légende affirme en effet que l’enthousiasme des fans lors de lives mémorables a fait craindre au groupe un nouveau succès impossible à maîtriser du calibre de Creep. A la différence du premier hit planétaire du quintet d’Oxford, Lift est toutefois un morceau subtil qui dépasse la rage post-adolescente pour s’appuyer sur une mélodie enflammée et des harmonies stimulantes.
Je ne vais pas me faire que des amis en disant cela, mais ce n'est pas avec des titres du calibre de Creep que Radiohead aurait pu s'affirmer comme mon groupe préféré depuis bientôt quinze ans. Le refrain accrocheur et le riff de Jonny Greenwood valent leur pesant de cacahuètes, mais quelques écoutes nostalgiques suffisent.
Bref, Radiohead a sans doute eu raison de ne pas sortir Lift à l’époque. Aussi envoûtant soit-il, il aurait fallu s’arracher les cheveux pour lui faire une place sur l’impeccable Ok Computer sans que sa lumière n’étouffe les autres titres. On ne touche pas à un album aussi fondamental. Dans une autre dimension, peut-être Ok Computer aurait-il tenu debout avec Lift incrusté à la place d'un Exit Music (un des seuls titres que je serais, peut-être, prêt à sacrifier, et là non plus je ne vais pas me faire que des amis). Mais la réalisation d’un album intemporel est une mécanique fragile, et il serait de toute manière vain de réécrire l’histoire.
La ligne de guitare de Lift fait en tout cas partie de ses magies simples dont le rock est capable d'accoucher. L'un de ces mystères ou comment quelques accords joués en boucle peuvent suffire à faire chavirer un esprit. L'apparition des arrangements emplis de spleen à partir d'une minute pour soutenir la voix indépassable de mélancolie de Thom Yorke ajoute au caractère abouti de ce titre avant que l'électricité qui accompagnait à l'époque souvent le début des refrains de Radiohead n'envoie définitivement le morceau dans la catégorie de ces classiques que quiconque peinera toujours à dépasser.
Vingt ans plus tard, s’ils sont toujours d’une solidité remarquable, les nouveaux titres de Radiohead ne suscitent plus la même attente chez des fans devenus plus raisonnables. Lift est suffisamment mûr pour être relayé comme il se doit. A moins que ce ne soit le groupe ou son public.
Toujours est-il que la réalisation du clip a été confiée à Oscar Hudson. Dans un style que n’aurait pas renié le groupe à l’époque puisqu’il se rapproche de l’univers de Just, Lift voit Thom Yorke piégé dans un ascenseur qui n’arrive jamais à la destination espérée, se contentant de brasser son lot d’inconnus à mesure que le Britannique semble sombrer dans une paranoïa fataliste.
En attendant leur dixième album, Thom Yorke et ses compères continuent en tout cas à faire les bons choix, maîtrisant toujours aussi bien le timing de leurs réalisations.
Très bon en effet, j'ai été très agréablement surpris de la très bonne qualité des "bonus" de OKNOTOK. Et le clip est parfait !
RépondreSupprimerNice song!I like this!Maybe someone interested in similar samples to these tracks,i left link here - https://www.lucidsamples.com/22-hip-hop-samples-packs
RépondreSupprimerJe ne regarde plus les clips depuis des lustres. Aussi, merci d'avoir mis en lumière celui ci, qui est magnifique et rappelle effectivement les inoubliables clips de la période the Bends / OK Computer (fait unique, j'avais acheté la VHS de ces clips).
RépondreSupprimerJe me rappelle de ce beau morceau, je ne sais plus où je l'avais écouté à l'époque, surement sur une face B, peut etre un bootleg. En revanche je ne connaissais pas l'anecdote sur la "peur du nouveau Creep" (morceau un peu calme à mon avis pour prétendre remplacer leur tube d'alors). C'est donc l'inverse de "Sulk", concu au départ pour être le nouveau "Creep" et rapidement devenu le titre le plus détesté par le groupe (quasiment jamais joué en live, d'ailleurs)
J'étais pas au courant pour Sulk, tiens. Clairement pas mon préféré du groupe.
RépondreSupprimerEn même temps, c'est curieux comme certains titres ont pu évoluer dans l'estime du groupe (et de Thom principalement). Je me rappelle que pendant des années, il a dénigré Let Down (j'ignore pour quelle raison en revanche) et ne le jouait plus en live.
Et depuis quelques années, il le rejoue. Et franchement, mon titre préféré d'Ok Computer change tous les jours (ça se joue entre Airbag, Climbing Up The Walls, Let Down, Karma Police et parfois Paranoid Android), mais Let Down reste toujours dans le top 3. Un morceau que je trouve parfait en tous points. Impossible de comprendre pourquoi il l'a renié à une époque. A cause du sens des paroles peut-être, et d'un certain fatalisme ?