Afin de poursuivre la (re)découverte de sa discographie, je me suis décidé à emprunter à la bibliothèque quelques uns des disques du Lyonnais que je connais moins. En gros, ceux que je ne possède pas en version physique. Et comme il est toujours plus simple de débuter par le commencement, c'est sur Rose Kennedy, premier opus de Biolay, que je me suis arrêté cette semaine.
Un album intriguant, qui ne restera pas dans mon panthéon personnel pour sa cohérence d'ensemble. J'y vois un artiste qui se cherche encore, et qui alterne de manière presque scolaire les ballades en piano/voix et les titres faisant davantage la part belle aux rythmiques et instruments à cordes. Il va sans dire que ces seconds ont ma préférence. Les Cerfs-Volants, Rose Kennedy, Les Joggeurs Sur La Plage, La Dernière Heure Du Dernier Jour, notamment, mais surtout la sublime Los Angeles.
Si la thématique me parle moins que celle de Laisse Aboyer Les Chiens dont je parlais il y a quelques jours, Los Angeles vaut surtout pour son instrumentation majestueuse. Pour autant, la voix de Biolay n'est ni anecdotique, ni désuète. Elle s'intègre parfaitement, au niveau du débit, à la rythmique instrumentale.
Plutôt que de procéder à une analyse musicale que je ne pourrais de toute façon pas effectuer de manière aboutie ou convaincante, je préfère m'attarder sur ce qui fait la force de ce morceau : sa capacité à transcender l'auditeur, à le porter vers un état d'exaltation personnelle.
Là encore, il s'agit d'une "spéciale" chez Biolay. Non content de graver ses chansons dans le marbre de nos écoutilles et de nos boîtes crâniennes, il leur donne (quand c'est réussi, ce qui n'est à mon sens pas toujours le cas sur ce premier disque) suffisamment de profondeur et de supplément d'âme pour que l'auditeur se sente pousser des ailes.
Récemment, je lisais un article au sein duquel plusieurs politiciens évoquaient la capacité de Jacques Chirac à faire croire à son interlocuteur qu'il était l'homme le plus important du monde et bien je crois que Benjamin Biolay, de par ses compositions musicales, a une aptitude similaire... si ce n'est qu'il ne s'agit pas de manipulation mais de sublimation (oui, j'ai un peu honte de comparer quelqu'un que j'apprécie à l'ancien président qui, on l'oublie trop vite, avait quand même pas mal de casseroles au cul et une cote de popularité au plus bas à la fin de son mandat qui ne saurait être uniquement réévalué au regard des bilans désastreux de ses successeurs, bref, tout ça pour ne pas laisser cette comparaison inexpliquée, d'autant plus que Biolay est un socialiste de longue date, si bien qu'il fait partie des signataires de la pétition contre le "Hollande-bashing"...).
Bref, la politique n'est pas le sujet principal de ce blog, loin s'en faut, mais ce n'est sans doute pas un hasard si les rares fois (la première ?) que je m'autorise à évoquer ce thème découlent d'un article sur Biolay. Citoyen engagé, les problématiques sociétales ne sont jamais très loin, et derrière ses cordes limpides, Los Angeles n'en oublie pas de porter un regard sur le monde qui entoure son auteur. Plus qu'engagé, il s'agit d'un titre conscient ("l'air est si chaud, dans les stations Texaco, Humer l'air du temps"), brillant et transcendant.
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