mercredi 23 novembre 2016

Benjamin Biolay - Laisse Aboyer Les Chiens (2007)

Benjamin Biolay est un artiste particulier à mes yeux. Je l'ai longtemps considéré comme un simple bobo prétentieux (qu'il est peut-être par ailleurs, je n'en sais rien, même si je m'explique plutôt son côté agaçant par une timidité maladive et un manque de savoir-faire en termes d'interactions sociales). Je suis donc passé à côté de ses premiers disques avant de me rattraper à partir de 2009.

Depuis, l'artiste avait sorti des albums un peu plus mineurs. La Superbe (2009) était très bon mais un peu longuet, puis Vengeance (2012) était juste un ratage complet. Mais cette année, il s'est bien rattrapé et, suite à ma chronique dithyrambique sur IndieRockMag de Palermo Hollywood, le dernier disque de Benjamin Biolay, j'ai eu un échange avec Rabbit, qui disait préférer le triptyque Négatif/A L'Origine/Trash Yéyé car chacun de ces disques comportaient des morceaux qui l'avaient accompagné dans sa vie.

Je me faisais alors la réflexion que Benjamin Biolay avait aussi ce pouvoir chez moi. Son dernier disque, dédié à Buenos Aires, trouve forcément un écho particulier en moi puisque j'ai eu l'occasion de découvrir la ville portègne durant l'été 2013 et des titres tels que Miss Miss ou Pas Sommeil, et même La Noche Ya No Existe dans une autre veine, m'ont accompagné cette année pour des raisons qu'il serait sans doute impudiques d'évoquer sur ce blog (même si s'agissant de Pas Sommeil et La Noche Ya No Existe, c'est assez évident au regard de leurs titres).

Mais c'était également le cas sur d'autres disques de Biolay, particulièrement Trash Yéyé, que je considère comme son chef-d’œuvre absolu. Je l'ai donc découvert en 2009, peu avant la sortie de La Superbe (dont le titre éponyme est d'ailleurs également associé à une période de ma vie, je me souviens avoir entendu ce titre pour la première fois en pleine nuit, en rentrant de soirée dans mon appart' d'étudiant, et avoir été scotché par ces arrangements de cordes).

Bref, Trash Yéyé c'est un disque complet, cohérent, composé de merveilleux titres, mais jamais Biolay ne pourra réaliser quelque chose de plus marquant pour moi que Laisse Aboyer Les Chiens. Pourquoi ? Tout simplement, car ce titre, c'est la délicatesse et la caresse des mots par un artiste extrêmement habile dans l'exercice. Pulsions suicidaires et épicurisme, le Français souffle le chaud et le froid sur ce titre dont la thématique me parle particulièrement car j'ai toujours eu une admiration pour ceux qui ont suffisamment de confiance en eux pour faire une totale abstraction du regard des autres. Et puis sur le plan instrumental, ce morceau combine l'allégresse et la sobriété.

Laisse Aboyer Les Chiens m'a donc particulièrement accompagné pendant une période de ma vie où je me cherchais particulièrement. Je me souviens écouter ce titre inlassablement, en boucle, dans le métro et dans mon appartement d'étudiant. Je me souviens également l'avoir associé - car j'en avais fondamentalement besoin à ce moment-là - à une période de stage dans un centre social où l'on me confiait des missions aussi passionnantes que faire des photocopies ou aller tracter dans les rues à proximité du centre. J'avais fini par développer une certaine appétence pour cet exercice qui me permettait de m'éclipser pendant une heure pour tracter vingt minutes, et passer les quarante autres assis, entre quatre barres d'immeubles, la capuche sur la tête (afin de ne pas être trop reconnu dans cette période de glandage) et les écouteurs sur les écoutilles. La bande son de cette session de stage d'un mois ? Laisse Aboyer Les Chiens, évidemment...




Pour l'anecdote, mon évaluation de stage fut presque aussi positive que ma chronique du dernier Biolay. Et je crois qu'il m'a effectivement été utile pour savoir ce que je ne voulais pas faire de ma vie...

6 commentaires:

  1. Comme Chris, rien à jeter chez Biolay, même son album sur Trenet est un régal. C'est presque complet, total et de tous les niveaux.. c'est à dire qu'on peut très bien le percevoir en surface avec ttes les critiques qui pleuvent (dont on se fout) et l'écoute personnel de tous ces albums avec une introspection et une fidélité sentimentale. Palermo m'a enchanté, vivement la suite.
    Laisser aboyer les chiens, je trouve ça une belle philosophie.

    Et ton histoire qui s'y colle est très touchante.

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    1. Merci pour ton retour.
      Biolay a cette capacité de composer ces titres qui comptent dans une vie. Je ne sais pas si ça te le fait de ton côté avec certains de ses morceaux...

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  2. Je serais moins dithyrambique que toi sur le dernier, et bien moins réservé sur La Superbe. Pour le coup, même sur le plus court Palermo Hollywood, je trouve le ratio remplissage / temps total bien moins avantageux que sur le long La Superbe. Mais sinon je suis d'accord avec tout.
    J'aime beaucoup Rose Kennedy aussi.
    Merci pour le rappel, cette chanson est magnifique et ça fait longtemps que je me le suis pas fait.

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    1. Tu l'as découvert avec quel disque l'ami Biolay ? Car cette donnée joue souvent aussi sur le rapport que l'on a avec un artiste.
      Et pourtant, pour moi, Biolay, c'est l'inverse. Le premier que j'ai écouté est Négatif je crois, puis Trash Yéyé, et ensuite ce fut la sortie de La Superbe (le premier que j'ai découvert au moment de sa sortie). Et pourtant, ce n'est pas celui que j'évalue le plus positivement, alors qu'il a été encensé par la presse, comme quoi...

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    2. La Superbe puis Négatif puis je suis remonté en ordre anti-chronologique.
      La Superbe c'est mon coup de coeur pour cet artiste, celui que j'ai le plus écouté de lui, j'ai beaucoup d'estime pour ce disque du coup, c'est sûrement lié en effet ;)

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  3. J'ai vraiment du mal avec Vengeance. Et vu le nombre de disques de Biolay, je préfère réécouter ses chefs-d'oeuvre que celui-ci.
    As-tu écouté la Bo de Clara et Moi ? Elle compte aussi de sacrés morceaux (Moi... rien, notamment).

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