Ainsi, l’an dernier, le déplacement à Saint-Malo m’avait permis d’assister aux prestations de Mourn, Blonde Redhead ou encore Deerhoof. Cette année, c’est la soirée rennaise qui me permettra de ne pas faire l’impasse sur cette édition du festival.
On regrettera forcément les quelques minutes de retard qui feront manquer le début du concert le plus intense de la soirée, voire de l’année. Avec sa dégaine de geek anachronique (le genre de nerd que l’on imagine davantage face à un Commodore dans Halt And Catch Fire que dans l’équipe de Pied Piper de Silicon Valley) à mi-chemin entre Mark Linkous et le E de la période Beautiful Freak (sans peroxydation capillaire), Will Toledo ne dégage pas, à première vue, un charisme particulier.
Pourtant, dès qu’il manipule sa guitare et rapproche le museau du micro, une sorte de mue semble entourer l’enveloppe corporelle de celui qui porte une paire de lunettes rondes d’une autre époque. Désormais loin d’apparaître uniquement comme un geek sans intérêt, Will Toledo fascine, alternant volontiers, et sans que cela ne semble lui coûter particulièrement, nonchalance et accès de rage adolescente.
Les compositions sont envoûtantes et les musiciens efficaces : si le bassiste, à droite de la scène, est plus discret, le guitariste ayant la dégaine d’Albert Hammond Jr et surtout le batteur impressionnent par leur maîtrise. C’est néanmoins vers le leader de 23 ans que le regard revient incessamment, lui qui a déjà publié une dizaine de disques sur sa page Bandcamp, dont le dernier, Teens of Style, est le premier signé chez Matador.
On pensera forcément à la lo-fi de Pavement ou à Sonic Youth sur les passages les plus noisy, mais Car Seat Headrest est également capable de nous proposer des moments plus délicats, sur lesquels les expérimentations des premiers Eels peuvent se rappeler à notre bon souvenir, de même que certains gimmicks du The Bends de Radiohead. L’aspect "fourre-tout" qui pouvait légèrement nuire au propos de Teens of Style - dont il ne reprendra que deux titres : Times To Die et Something Soon - qui n’en était pas moins l’un des disques marquants de 2015, prend tout son sens en concert. L’expérience aidant, Teens of Denial, qui devrait sortir au Printemps prochain, risque fort d’être l’une des réussites de l’année, si l’on se réfère au premier extrait, Vincent joué à l’Antipode.
Après la furie Car Seat Headrest, Kevin Morby, qui remplaçait Aidan Knight, vint proposer un apaisement certain. Pas touché par la grâce que certains détectent sur ses disques, ce concert m’a laissé de marbre, à l’exception de quelques singles plus évidents tels que All Of My Life ou Harlem River.
Il faut dire que, après la claque inaugurale, voir le Texan seul sur scène décliner ses titres sans pouvoir y apporter les nuances présentes en studio comportait une dimension quelque peu soporifique, si bien que la fin du concert sonna comme une délivrance. Kevin Morby est assurément un très bon guitariste et un chanteur d’un calibre tout à fait satisfaisant, mais il arrive que l’on n’accède pas à l’émotion déployée par un artiste. Ce fut ici le cas.
Ne restait plus qu’Here We Go Magic, le groupe de Luke Temple, installé à la gauche de la scène avec une casquette bleue claire. L’alternance entre des titres aériens et d’autres dont la base rythmique est plus acérée a contribué à captiver l’audience. Nous regretterons néanmoins le caractère trop scolaire de la prestation.
En somme, un concert décevant et un autre me laissant sur ma faim ont succédé à la prestation la plus fascinante à laquelle il m’ait été donné d’assister depuis plusieurs années. Je suis peut-être exigeant avec la Route du Rock, mais malgré tout, force est de constater qu’une nouvelle fois, je n’aurais pas fait le voyage pour rien.
vraiment sympa ce CAR SEAT HEADREST, ça donne envie de creuser...
RépondreSupprimerJ'ai vu hier soir sur TVR la fin d'une émission consacrée à la RdR de la semaine dernière. Ils ont notamment diffusé un court extrait de VILLAGERS, je connaissais pas mais ça m'a bien plu.
RépondreSupprimerAh, par contre, Villagers, ça m'en touche une sans bouger l'autre. Je les trouve chiants comme la lune et je ne comprends pas les éloges qu'ils reçoivent.
SupprimerLe titre qu'ils ont diffusé m'a bien plu mais c'est évidemment insuffisant pour émettre un avis sur le groupe.
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