samedi 24 février 2018

Jessica93 - Rip In Peace (2017)

Répondant au kitsch de Rise, la pochette de Guilty Species se montre aussi dérangeante, arborant un piercing labial sous une dentition (cariée ?), la bouche étant écartée par deux paires de doigts autour d’un flou crasseux.


Cette illustration traduit admirablement le contenu sonore de ce Guilty Species autant que l’autodérision de son auteur. Toujours centré sur lui-même, dans le sens où il ne parle que de ce qu’il connaît pour éviter de débiter des torrents d’inexactitude, Geoffrey Laporte offre un prolongement graphique à son univers sonore poisseux mais délectable. Modérément, il peut être agréable de se faire du mal.

En ce sens, Guilty Species ressuscite les démons qui sommeillent en chacun des auditeurs, qu’ils se manifestent à travers l’aspect crépusculaire d’une basse rappelant les Cure sur Venus Flytrap ou la rugosité d’un rock évoquant les Queens of the Stone Age sur Guilty Species, mais aussi une énergie grunge post-adolescente sur Rip In Peace.

Geoffrey Laporte n’a pas peur de tourner en rond. Il ne craint pas la redite et enchaîne volontiers certains titres articulés autour de thèmes apparemment proches, qui gagnent néanmoins en nuances au fur et à mesure de leurs progressions respectives.

Rip In Peace, ouverture du disque et premier single, est l'un des grands morceaux de ce nouveau cru et, comme d'habitude la magie opère avec une économie de moyens. Ce titre s'articule autour de boucles électriques dont l'efficacité n'a finalement d'égal que l'aspect crasseux (lo-fi diront les plus polis) qui se transcendent même à partir de trois minutes lorsqu'elles se dédoublent. La voix de Geoff Laporte, souvent décriée, est ici enivrante et les percussions plus travaillées qu'à l'accoutumée.

Ce dernier point décevra d'ailleurs probablement ces fans de la première heure qui ne sont jamais autant séduits que par des sons crasseux assumés par des artistes confidentiels, caste à laquelle Jessica93 n’appartient plus.

Pour autant, si une relative clarté émanant aussi bien des parties vocales que des boîtes à rythmes émerge ici, Geoff Laporte ne vend clairement pas son âme au diable. S’il accepte de tourner en rond, ce n’est jamais autour du même cercle qu’il circule et s’il reste auprès des horizons défrichés par Who Cares ? et Rise, il nous amène néanmoins ailleurs, là où la liberté n’est jamais garantie et nécessite parfois de taper du poing pour ne pas se faire oublier dans ce combat permanent qu’est la vie.


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