vendredi 20 mars 2015

Björk - Lionsong (2015)

La densité de sorties musicales intéressantes ne va pas sans générer quelques aléas collatéraux. Le genre de dégâts qui auraient pu me faire passer à côté de ce nouveau Björk.

Comment faire, avec un temps d'écoute potentielle qui diminue, pour écouter tous les disques que l'on souhaiterait ? Comment accepter de faire l'impasse sur les nouveaux opus d'artistes majeurs dont j'ai aimé les précédents ?

Un Sufjan Stevens est sorti ce mois-ci, je l'ai depuis 15 jours, et ne l'ai écouté qu'une fois, alors même que ces deux derniers opus sont mes préférés des années civiles 2005 et 2010. Comment donner le nombre d'écoutes nécessaires aux disques qui en valent la peine ?

A trop écouter de choses différentes, on devient plus gourmand. Mais peut-être se concentre-t-on moins sur les disques qui en valent la peine. C'est en tout cas un écueil dans lequel je sombre parfois. Et c'est ainsi que j'aurais pu passer à côté de la magnificence de Vulnicura, le dernier Björk.

Ce disque, après la première écoute, je n'ai pas su si je l'aimais ou non. Après la seconde, j'ai su qu'il était au moins bon (un moindre mal avec l'Islandaise). Et je l'ai laissé de côté. Comme tant d'autres, faute de temps.

Il aura fallu que soit annoncée la présence de Björk à La Route du Rock cet été pour que j'y revienne. Et si une ou deux pistes s'éternisent un petit peu trop sur Vulnicura, l'ensemble est quand même d'une qualité très élevée. Depuis Medulla, l'Islandaise a baissé d'un léger cran à mon sens (comment égaler le triptyque Post/Homogenic/Vespertine, cela dit ?), si bien que je me suis moins approprié un disque comme Biophilia (2011), moins écouté du fait d'une actualité musicale trop dense.

Je ne sais pas comment évaluer Vulnicura par rapport à ses trois prédécesseurs. Je le trouve plus accessible que Medulla, c'est certain, et peut-être plus riche que Volta. L'Islandaise ne se rapproche qu'à peine de la "pop" (quelques réminiscences d'Homogenic ici et là). Et puis, avec une poignée de titres de haute volée, à l'instar de Lionsong, dont l'intro énervera tous les allergiques à la voix et aux manières de l'Islandaise, avant de réconcilier les amoureux de la Musique (pour la rythmique, l'ambition et les cordes inégalables), on le sait, ce samedi 15 août au fort de Saint-Père sera l'un des sommets de l'année.


3 commentaires:

  1. Je partage ta réflexion en début d'article, d'ailleurs il m'avait échappé qu'il y avait un nouveau Sufjan Stevens, c'est dire... Pour Bjork, pas encore écouté, j'attends de pouvoir me l'offrir, mais tu me donnes l'eau à la bouche...pur Biophilia, je ne l'ai vraiment découvert que récemment, c'est vrai qu'il "se mérite" mais il recèle aussi quelques beautés...

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  2. Comme Chris, je partage ta réflexion sur la densité des sorties musicales, sur le rapport quasi frénétique que nous entretenons avec les disques. Avec l'ère du numérique, nous sommes dans une période du "tout accessible", de l'immédiateté. Mais dans cet immense "champ des possibles" qu'offre internet, j'ai (nous ?) comme une impression de "trop", d’être noyé dans un flux pléthorique et continu d’information. Comme tu le dis si bien, dans ce contexte, "comment donner le nombre d’écoutes nécessaires aux disques qui envalent la peine ? ". Trop de bons disques (B.D, films…) mais pas assez de temps !! Mais le temps justement, c’est le juge final et absolu pour trier le bon du médiocre.
    Björk : C’est une artiste que je trouve immensément douée et talentueuse. J’ai adoré et suivi de près son début de carrière mais, elle et moi, on s’est comme un peu perdu en route !! Depuis "Volta", je l’ai lâché…à tord surement. Ce nouveau disque sera l’occasion de me rattraper. Et sur scène, c’est de la bombe !! Je l’ai vu une seule fois, à ses tout débuts aux Eurockéennes de Belfort, en 1994 je crois. C’était la même édition que Rage Against The Machine sur la grande scène. Malgré le nombre des années, je me souviens très bien de ce concert, réminiscence émotionnelle !!!
    A +

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    1. En 1994, avait-elle joué des titres issus de Post (sorti l'année suivante) ? Plus le temps passe, plus je me dis que Post est l'un des disques les plus sous-évalués de sa disco.
      Merci pour ta contribution en tout cas, et je te rejoins sur le fait que le temps est le seul juge pour trier qualitativement les oeuvres (disques, films etc).
      L'usure du temps résiste aux buzz, que je suis de plus en plus tenté de fuir avec le temps (justement).

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