Courtney Barnett - Charity (2018)

C'est très difficilement que je m'explique les quelques critiques négatives ayant entouré la sortie du dernier album de Courtney Barnett. En effet, les charentaises parfois chaussées sur le Lotta Sea Lice produit l’an passé avec Kurt Vile sont remisées au placard. 

Et si l’artiste renoue régulièrement avec le style circa-slacker et rugueux décliné sur l’excellent Sometimes I Sit And Think And Sometimes I Just Sit, une indéniable tension s’invite à l’occasion des passages les plus introspectifs , entre contre-ballade, mélodies délicates et même un post-rock apaisé teinté d'expérimentations caverneuses.

Celle qui est un véritable mythe en devenir à Melbourne et j'avais été surpris de constater en début d'année, lors d'une visite à la National Gallery of Victoria, qu'elle tenait une place de choix aux côtés par exemple d'un Nick Cave, lors de certaines expositions honorant les artistes australiens "indé" réussissant néanmoins à élargir leur public de base.

Depuis le double EP A Sea of Split Peas, c’est cette synthèse d’hymnes rock à la fois rêches, tourmentés et mélodiques que j'apprécie particulièrement chez l'Australienne qui fêtait cette année ses trente printemps. Plusieurs titres imparables jalonnent ce nouveau disque, et Charity fait plus particulièrement office de tube immédiat, appartenant à une catégorie de morceaux dont l'écoute des premiers riffs nous emmène ailleurs, dans un autre monde, et décuplant notre enthousiasme à l'approche d'un refrain pourtant peu joyeux sur lequel la compagne de Jen Cloher clame à l'envi « I make myself sick ». 

Les tourments sont toujours présents chez Courtney Barnett, artiste complexe qui réalise néanmoins un début de carrière solo à peu près impeccable, à la fois rafraîchissant et survolté.