samedi 9 septembre 2017

Cigarettes After Sex - K. (2017)

Difficile de mettre Cigarettes After Sex dans une catégorie particulière. Et je crois que cela fait partie des éléments qui, inconsciemment, me font adorer les sorties récentes.

Je veux dire par là qu'à force d'écouter et réécouter de la musique - dans un registre que je veux le plus large possible mais qui, avouons-le, est quand même aussi sectaire que ne peut l'être le périmètre des amateurs d'indé - à longueur de journée, on n'est plus forcément surpris. Certaines ficelles, fines à l'oreille de l'auditeur distrait, deviennent extrêmement grosse.

Que mon propos soit clair, je ne cherche pas à me prétendre connaisseur de quoi que ce soit - je passe mon temps à dire qu'en matière de musique, je n'y connais pas grand-chose - et c'est même quelque chose que je déplore. Je n'arrive pas à aller au-delà des territoires sonores dans lesquels je me sens bien.

Tel un être humain qui ne sortirait pas de sa région. Forcément, malgré une petite diversité (qui va de l'IDM au néoclassique en passant par le rock, le shoegaze, l'ambient et le trip-hop voire même le drone, comme un point de comparaison avec celui qui arpentera quelques monts, des forêts, la mer et quelques cités lacustres pour le pensionnaire d'une région relativement hétérogène), tout finit par se ressembler. On ne verra pas de koalas au milieu du Périgord, comme je n'aurais qu'exceptionnellement un intérêt majeur pour le dub ou la soul.

Je ne fustige donc pas le manque de créativité de mes contemporains, mais bien mon incapacité à aller plus loin. Et donc, Cigarettes After Sex se situe clairement au beau milieu de ma zone de confort. En plein coeur. C'est calme, les rythmiques downtempo empruntent au trip-hop, la réverb' rappelle le shoegaze, la voix est claire mais elle aussi mâtinée de réverb', les mélodies discrètes mais bien présentes... Tout ce que j'aime, en fait.

Mais ce n'est pour autant ni de la pop (trop mortifère pour cela), ni du shoegaze (ça manque un peu de réverb' tout de même), ni du trip-hop (les rythmiques ne sont pas assez acérées). En fait, s'il fallait qualifier les sonorités du groupe en un mot, ce serait Lynchien. D'ailleurs, si le roi David avait écrit la troisième saison de Twin Peaks une année plus tard, je n'aurai pas été étonné qu'il fasse appel à Greg Gonzalez et ses potes pour clore un épisode au Bang Bang Bar.

Alors certes, certains qualifient ce premier LP - le groupe avait sorti quelques EPs de niche, dont certains titres étaient devenus des hits underground - de soporifique. Je ne peux les contredire, je comprends l'argument. Et même si je déteste l'exercice de la sieste, les rares fois où je m'y adonne depuis six mois, c'est au son de Cigarettes After Sex car leurs morceaux me bercent et m'apaisent comme aucun autre.

Et ce premier titre, K., est probablement le plus rythmé du disque (bon, j'exagère, mais à peine). Clairement, ceux qui aiment les batteries lourdes passeront leur chemin, mais a-t-on fait plus hypnotique cette année ? Pas sûr. Ce sera en tout cas l'un de mes disques de l'année. Assurément.


7 commentaires:

  1. Je comprends à 100% la critique de la redondance. Et même le côté soporifique.
    C'est ce qui me fait adorer ce disque, ces subtiles variations vaporeuses, cet aspect atmosphérique.
    Mais j'ai rarement autant compris qu'on déteste un disque que j'adore qu'avec ce Cigarettes After Sex.

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  2. J'ai découvert cette drogue il y a quelques semaines et pas moyen de m'en défaire. Rien que le nom est génial. Il faut dire que la cigarette est la plus addictogène de toutes les "drogues" avant même l'héroine parait-il. En tous cas pas de tolérance à l'effet de Cigarettes after Sex de mon côté. Qu'importe la redondance, elle en devient une force et nous transporte, nous fait léviter, anesthésie nos sens pour nous hypnotiser. Apaisant est vraiment le mot, c'est moi aussi l'effet que cela me procure. Je crois que j'ai besoin de ce genre de musiques détachées ces temps ci !

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    1. J'aurais pu écrire ton commentaire à la virgule près. Ca fait plaisir de voir que tu partages cet avis.

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  3. C'est vraiment le traitement de la voix qui m'accroche, que ce soit sur ce morceau ou sur tout le disque. C'est l'élément le plus audible de leur identité, à mes oreilles en tous cas, même si évidemment ce n'est pas le seul. Une bonne surprise !

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    1. Ce que tu dis est très juste et très intéressant. A la différence du shoegaze (dont leur musique se rapproche un peu sur le plan instrumental avec des guitares traînantes et vaporeuses, ces rythmiques downtempo), la voix est très claire, très identifiable, là où le shoegaze met énormément de réverb' sur les voix pour en faire un instrument supplémentaire au sein du maelstrom vaporeux.

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  4. Je trouve vraiment mon compte cette année, même si il est vrai sur des sorties moins faciles d'accès ou plus confidentielles que l'an dernier. Et encore, le nombre de retours gagnants à la Grizzly Bear est significatif

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