vendredi 7 avril 2017

Live Report : Timber Timbre (Rennes, Festival Mythos - 6 Avril 2017)

Ce jeudi soir, sous le chapiteau rennais érigé dans le cadre du festival Mythos s’installait le quatuor Timber Timbre composé de Mathieu Charbonneau aux synthétiseurs et Mark Wheaton derrière ses fûts, tous deux devancés par le guitariste-bassiste Simon Trottier et le chanteur-guitariste-bassiste Taylor Kirk.


Les musiciens, déjà auteurs de six disques depuis 2005, jouent sur différents tableaux et le concert donné en ce jeudi soir lorgne du côté le plus électrique de leur spectre. Cela ne se fait pour autant pas aux détriments d’un onirisme évident, mais le voyage mental et spectral n’a pas seulement lieu au-dessus des nuages, il se passe également à l’ombre de ceux-ci, voire même sous leurs projections pluvieuses et orageuses.

Ainsi, lorsque la batterie et les synthétiseurs s’animent à l’unisson, c’est le Portishead de Third, soit le pendant le plus krautrock du trio bristolien, qui émerge. Quand l’électricité développée par Simon Trottier s’étoffe, c’est en revanche du côté d’un post-rock à la Mogwai que s’orientent les compositions du quatuor. Enfin, la voix à la fois rauque mais cotonneuse de Taylor Kirk permet, lorsque ses trois compères jouent l’apaisement, de faire apparaître le spectre d’un Stuart A. Staples qui se produisait au même endroit un an plus tôt.

Pour autant, à la différence des TindersticksTimber Timbre s’adresse à un public qui se tient debout. Les Britanniques, comme la formation qui ouvrait ce soir pour les Canadiens – ce qui nécessitera un effort en termes de manutention – avaient eu l’opportunité de jouer face à des spectateurs bénéficiant de sièges. Cette configuration différente génère forcément quelques mouvements de tête et du talon pour battre la mesure et apprécier la luxuriance des nappes synthétiques déployées par les quatre compères.

Les Canadiens n’hésitent pas à piocher allègrement dans leur répertoire pendant près d’une heure et demie, rendant particulièrement grâce à leur chef-d’œuvre Hot Dreams, d’un Beat The Drum Slowly évoquant les Tindersticks à un Curtains !? rappelant Geoff Barrow en passant par l’éponyme Hot Dreams, ainsi qu’au dernier cru intitulé Sincerely, Future Pollution dont on appréciera notamment la version dynamisée de Velvet Gloves & Spit qui fait office de sommet de ce disque.

Timber Timbre alterne ses différentes facettes – la plus onirique et dépouillée, l’électrique et l’hypnotico-synthétique – sans redondance. L’univers spectral déployé sied parfaitement à l’ambiance du chapiteau et au jeu de lumière sobre mais efficace, intensifiant le travail sur les ombres pour créer quelque chose de l’ordre du mysticisme.

Fermer les yeux ou les ouvrir grand pour apprécier le jeu de scène retenu mais pour autant pas minimaliste, le spectateur a le choix. Il ne peut en revanche pas lutter contre le voyage mental provoqué par la majesté des compositions des Canadiens qui, s’ils n’ont parfois pas su insuffler le léger grain de folie – ou la communion suprême avec le public – nécessaire à un concert éternellement mémorable, ont gratifié les rennais d’une très belle prestation qui figurera forcément parmi les grands moments de cette édition 2017 du festival Mythos.

4 commentaires:

  1. J'ai réussi à trouver plusieurs extraits, mais pas le disque dans son exhaustivité. Donc pas écouté en entier.
    Ca m'a l'air moins marquant que le chef-d'oeuvre Hot Dreams.
    T'en as pensé quoi, toi ?

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  2. Il est sorti aujourd'hui en streaming ;)
    Ça avait l'air cool, encore une fois super live report !

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  3. Je suis en plein "Sincerely, Future Pollution" et article fouillé de MAGIC Mars. Je passais voir si il avait déjà quelques avis sur le cercle de blogueurs que je fréquente. Je le découvre, marrant le hasard, après une envie de son 80's que mon fils m'a suggéré au fil d'une discussion. C'est peut-être l'album qui va ouvrir, ré-ouvrir le chemin 80's. Les artistes de Timber expliquent qu'ils découvrent cette période maintenant. Un son daté, et enfin le temps le rend supportable puisque reste les résistants. Du coup sur ta chronique, j'ai la sensation du chaînon manquant comme si les Tinder, Portishead ou autre devaient davantage à la Pop Synthétique quand elle se faisait mélancolique qu'au rock. Ce fut un plaisir de te lire

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  4. Super ton live report! C'est un groupe que j'aimerais énormément voir en live. L'ambiance a l'air assez magique !

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