vendredi 4 décembre 2015

Live report - Fragments (Rennes, 4 Décembre 2015)

Ce week end, à Rennes, se tiennent les 37èmes rencontres des Transmusicales. A l’affiche l’année dernière, les locaux de Fragments ont cette fois profité de l’événement et de l’afflux de curieux qu’il draine pour donner un concert privé.


Les Rennais, dont j'avais parlé sur IndieRockMag l’an dernier,
ont ainsi présenté quelques titres figurant sur leur prochain opus, Imaginary Seas, dont la sortie est prévue pour février 2016.
Le cadre était particulièrement atypique et mystérieux puisqu’il s’agissait de se rendre dans un lieu dont l’adresse était encore inconnue quelques heures avant la tenue d’un concert qui se déroulait en pleine pause méridienne.

L’adresse indiquée nous conduit vers un petit pavillon rennais où, sens de l’hospitalité oblige, nous sommes d’abord reçus dans la cuisine autour des petits fours et boissons de rigueur, échangeant quelques mots avec les autres convives - où l’on apprendra notamment que Bernard Lama séjournait la veille même dans la capitale bretonne - tandis que la voix de Thom Yorke émane de la sono située dans le salon adjacent.

Un salon que la vingtaine de curieux va rapidement rejoindre afin d’assister à la prestation délivrée par le trio rennais. Les plus chanceux trouveront une place sur les canapés, quand les autres pourront s’asseoir en tailleur par terre, à quelques encablures de la scène improvisée où Sylvain Texier, homme à tout faire du projet The Last Morning Soundtrack, alterne entre claviers et batterie, tandis que Benjamin Le Baron et Tom Beaudouin l’assistent.


Une formule instrumentale gagnante. En effet, on découvre rapidement que les compositions ont pris de l’épaisseur et de la consistance depuis le Landscapes EP, paru en avril 2014. Les titres s’enchaînent, alternant un minimalisme ambient rappelant Beajn ou Koi et un post-rock plus enlevé façon Mogwai ou Explosions In The Sky, tout en ne se départissant jamais de ce grain cristallin qui n’est pas sans évoquer Sigur Rós.

De manière paradoxale au regard du petit comité présent, le trio semble d’abord intimidé et communique assez peu avec le public, avant de prendre confiance après une paire de titres. Benjamin Le Baron s’autorise quelques allusions à la soirée de la veille, dans le cadre des Transmusicales, alors que Tom Beaudouin se rend compte, et le partage aussitôt avec l’auditoire, qu’il n’avait pas utilisé le bon accordeur sur le titre précédent. Rien de bien choquant pour autant, car il en faudrait davantage pour nous empêcher d’être hypnotisés dès les premières notes de cet alliage aérien.

Fragments n’oublie pas de présenter Lighthouse, logique single dImaginary Seas tant ses boucles répétitives qui s’imprègnent rapidement dans notre cerveau lui donnent un aspect immédiat contre-balancé par une dimension onirique et exigeante, l’auditeur pouvant effectivement s’évader très loin - ou trop haut, puisqu’on plane plus qu’on ne fuit -, les conditions particulières inhérentes à ce concert étant probablement étroitement liées à cette propension à l’exode.

Cela n’altère en rien notre curiosité à l’idée de découvrir le groupe dans une configuration plus classique, ce qui tombe plutôt bien puisqu’il défendra son premier LP sur la scène de l’Antipode au mois de mars 2016. D’ici là, les Fragments auront mis un terme à leur prestation live en offrant en rappel bienvenu un titre étiré, dernière gourmandise musicale accordée au public avant que la sono ne troque les tourments de Thom Yorke pour l’énergie de Phoenix. Nous prolongerons alors le plaisir autour d’un verre. Dès lors qu’ils auront terminé de répondre aux sollicitations des journalistes présents, les membres du groupe se joindront à nous près du buffet, dissertant sur une certaine similitude entre leurs compositions et celles des canadiens de Half Moon Run. Avec un concert planant et abouti donné par des artistes abordables dans un véritable cocon, peut-on imaginer une pause méridienne plus agréable ?

2 commentaires:

  1. une question me turlupine : que faisait bernard Lama dans la ville où il a fini sa carrière ? Je pensai qu'il n'en gardait pas un si bon souvenir...

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