Au milieu des années 90 très précisément d'ailleurs, puisque Post est sorti en 1995. Troisième album de la chanteuse en solo, après son premier éponyme sorti en 1977 (oui, à 12 ans, parfaitement) et Debut en 1993.
Suivront Homogenic (1997), Vespertine (2001) et Medulla (2004), pour ce qui est des albums essentiels de la chanteuse, Volta (2007) et Biophilia (2011), bien que très corrects, restant en-deçà de cette période de quatre chefs-d’œuvre allant donc de Post à Medulla. Et encore, je n'évoque pas Selmasongs (2000), la BO de Dancers In The Dark.
J'aurais bien du mal à classer les disques de Björk, mais, si je ne suis pas certain que ce soit son meilleur disque - je suis même certain de l'inverse, Homogenic étant sans doute en tête chez moi à ce petit jeu - c'est pour Post que j'ai la plus grande tendresse.
Pourtant, ce disque contient un morceau que je trouve absolument insupportable et que je zappe systématiquement (sauf les jours où j'ai envie de me forcer à aimer le disque dans son ensemble) : It's Oh So Quiet. Le pire, c'est que ce titre est considéré par certains comme le sommet de l'album, c'est même le single le plus vendu de sa carrière, alors que c'est une infâme reprise.
Je pourrais écrire des lignes sur le mépris que j'ai pour ce titre, qui me gâche mon Post, disque à la prod' duquel on retrouve un Tricky alors au sommet de son génie. Peut-être qu'un jour, j'aurais le déclic, mais il exerce un peu la même chose chez moi - puissance mille - qu'un Exit Music sur Ok Computer, encensé par les fans alors que - je trouve Exit Music correct, mais loin de la qualité globale du disque, ça reste loin du dédain que j'ai pour It's Oh So Quiet - j'ai tendance à le zapper.
Passons donc à Hyper-Ballad, puisqu'il serait dommage de consacrer l'essentiel de l'article au seul morceau de Björk que je n'aime pas... J'ai énormément écouté ce titre, sans jamais m'en lasser, ce qui est bien rare. On y repère les prémices de l'influence du trip-hop sur la musique de l'Islandaise (elle aussi née à Reykjavik, il fallait bien que je le place à un moment ou un autre) ou plus sûrement de l'électronique.
Voix dépouillée au sommet de son intensité, rythmique cristalline et effets électroniques non-superficiels qui sont, et la tendance se raréfie depuis le début du siècle, au service de la mélodie plus que de la rythmique ou d'une bizarrerie recherchée plus qu'assumée.
Je crois que ce sont aussi les changements de rythme entre ce que l'on pourrait nommer le refrain et les parties annexes qui me comble sur ce titre. Amusant pour quelqu'un comme moi qui suis assez réfractaire aux constructions trop évidentes de type couplet/refrain/couplet/pont/refrain. La structure d'Hyper-Ballad est plutôt simple, c'est donc dans son instrumentation que Björk joue la carte de la bizzarerie relative pour plonger l'auditeur dans un certain confort en même temps qu'elle prend plaisir à multiplier les fausses pistes.
Et dire que ce titre n'était que le quatrième single de Post, ça en dit long sur la qualité du disque...
J'aime tout sur cet album, quasiment tout chez Björk aussi, à part quelques bizarreries justement sur le BO de Drawing Restraint 9. Mais c'est vrai qu'It's Oh So Quiet fait plutôt partie des hauts moins hauts que des hauts tout en haut.
RépondreSupprimerSinon oui Hyper-Ballad, single ultime, le seul morceau de l'Islandaise que j'arrive à chantonner en respectant le tempo et les intonations du début à la fin à force de l'avoir écouté 10 000 fois, bien évidemment le résultat est atroce mais je me fais plaisir. :P
Hé hé, je me retrouve dans ce que tu dis sur la faculté à chanter Hyper-Ballad (tout en la détruisant évidemment). C'est quelque chose que je ne retrouve que, à moindre degré, dans Army of Me concernant sa discographie.
SupprimerC'est clair qu'à ses débuts (les 90's), Björk était au-dessus de la mêlée....très en dessus même, survolant cette décennie. Elle a réussie à créer une Pop autant mélodique qu'avant-gardiste, audacieuse et novatrice.
RépondreSupprimer"Debut", "Post" et "Homogenic" restent sans conteste son Zénith indépassable. "Vespertine", très "Ambient", est un superbe cocon où il fait si bon s'y lover. L'expérimental "Medulla" très bien aussi, énorme travail sur la voix, ou les voix plutôt, ouvrant ainsi une nouvelle voix à la "Pop".
Par contre, j'ai un peu lâché à partir de "Volta". Je m'en suis un peu lassé...Je n'ai peut être pas compris, pas été autant touché.
Très bel article en tout cas qui me donne envie de réécouter les anciens, et peut être découvrir ses plus récents LP.
A +
Les deux derniers sont un peu plus dans l'atonalité et perdent en émotion mais on pourra pas lui reprocher de se reposer sur ses lauriers du coup, c'est déjà énorme pour une artiste aussi constante dans l'excellence depuis plus de 20 ans.
SupprimerPerso mon préféré c'est quand même Vespertine, merveilleux disque, d'une finesse insondable et incroyablement réconfortant.
C'est évident qu'on ne peut pas lui reprocher de se reposer sur ses lauriers. A aucun moment de sa discographie, on n'aura pour l'instant pu lui reprocher cela.
SupprimerMoins fan aujourd'hui pour quelle(s) raison(s) ? Ca ne m'étonne pas particulièrement qu'on puisse être déçu par ses derniers albums, mais j'ai l'impression que certains se sont détournés d'elle au point de rentrer dans un Björk-bashing que j'aimerais comprendre.
RépondreSupprimerMême si tu sembles loin d'en être là, tes explications pourraient peut-être m'aider à mieux cerner ce phénomène ;)