vendredi 27 juin 2014

[MDDC#06] Jeff Buckley - Grace (1994)

Sur IRM, ces derniers temps, on se fait une petite rétrospective de l'année 1994 dont le premier volet est déjà paru. Pourquoi 2014 ? Parce que c'était il y a vingt ans, ça faisait un "tout pile", et aussi parce que c'était 10 ans tout juste avant la création du forum d'IRM. Bref, tout ça pour dire que je me plonge ces derniers temps sur cette année 1994.

Pourtant, ce n'est pas une année qui m'emballe forcément. Même certains groupes que j'estime énormément ont pondu un album décevant (je pense au Parklife de Blur, loin des 3 derniers chefs-d’œuvre de la bande menée par Damon Albarn). De même, le Mellow Gold de Beck est un des rares disques de l'Américain que je n'ai pas écouté plus de 2-3 fois (une hérésie, sans doute). Du côté de Nine Inch Nails, je suis plus The Fragile (1999) que The Downward Spiral s'il fallait choisir entre ses oeuvres majeures.

Bref, si, heureusement, on a bien le Dummy de Portishead ou le Protection de Massive Attack (mais là encore, je préfère de loin les deux suivants) et quelques autres essentiels du genre, ce n'est pas l'année sur laquelle je me serai jetée de prime abord, à l'inverse de 1997 ou 1998. Ce qui vient en fait pleinement justifier que je m'y intéresse.

Car une autre perle existe dans cette année. Je parle, vous l'aurez compris du Grace de Jeff Buckley. Je me gargarise en le mettant dans la catégorie de Mes Disques De Chevet, mais je mens quelque peu. Si j'ai bien acheté ce disque ainsi que le So Real posthume à une époque que je situerai vers 2008-2009, je n'écoute que très peu ces disques. J'ai donc sauté sur l'occasion, réservé ce Grace auprès de mes collègues d'IRM, et l'ai fait passer entre mes écoutilles.

On est en 2014. On écoute parfois plusieurs nouveaux disques chaque jour. On a donc tendance à oublier aussi vite qu'on a écouté leur contenu. Mais Grace reste. A court terme, mais aussi, évidemment, à plus long terme, puisqu'on se rend compte qu'il a traversé les années avec une aisance justifiée.

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Quand on voit que le Definitely Maybe d'Oasis est sorti la même année (disque que j'aime beaucoup, d'ailleurs), on constate un gouffre. L'un sonne daté, l'autre aurait pu être écrit hier. Il pourrait même être écrit dans 20 ans. Disque intemporel par excellence, les chansons de Grace sont poignantes. Jeff Buckley, comme s'il savait qu'il n'était pas de ceux qui ont une vie paisible et qu'il ne ferait pas long feu, est tourmenté.

Tout ou presque a été dit sur ses qualités d'interprète. Qu'ajouter ? Qu'il a influencé Thom Yorke, lequel a écrit Fake Plastic Trees après être revenu tourmenté d'un concert de l'Américain ? Que l'influence de Buckley sur Radiohead (dont la discographie commence à être intéressante en 1995 avec The Bends) est évidente sur le chant de Thom Yorke ? Et c'est un fan absolu du leader du quintet d'Oxford qui le concède. Sur Dream Brother, je reconnais les traces d'un Street Spirit, par exemple.

Interprète et précurseur de génie, Jeff Buckley est surtout un véritable songwriter. Les deux morceaux qui me touchent le moins sont finalement des reprises (Lilac Wine et Corpus Christi Carol). Le paradoxe, c'est que le grand public connaît surtout le Californien pour la troisième reprise du disque, Hallelujah, empruntée à Leonard Cohen, seul moment de relatif apaisement du disque. Les démons de Buckley, trois ans avant qu'il ne pique une tête dans un affluent boueux du Mississipi et n'y laisse sa peau, étaient déjà présents. Ce disque est triste, poignant, mais de cette tristesse qui donne du courage.

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4 commentaires:

  1. 1994, l'année de mes 19 ans, quelle folle année !!
    "Grace" de Jeff Buckley bien sur, immense et unique disque qui m'a complètement retourné. Et je me souviens très bien quand j'ai appris la nouvelle de sa mort, le choc !!!
    1994, Massive Attacks, Portishead aussi, le son Trip Hop de Bristol !!
    C'est aussi "Hope" de l'ami Will Oldham sous le speudo Palace Songs, un immense EP indispensable. (Indie) Folk-rock toujours avec "Sleeps With Angels" du Loner en hommage à Cobain.
    Entre Folk, Indie rock et Hip Hop (et pleins d'autres styles, l'auberge espagnole), le chef d'oeuvre "Mellow Gold" de Beck !!!
    Indie rock slacker de Pavement et leur second Chef d'oeuvre "Crooked Rain, Crooked Rain", "Bee Thousand" de Guided by Voices, "There's Nothing Wrong With Love" de Built To Spill, "Without A Sound" de Dinausor Jr
    L'indie Pop raffinée de Pulp et "His' N' Hers"....et "Parklife" de Blur même si, comme toi, je reconnais préférer les albums suivants.
    Post rock/Slowcore : "The White Birch" de Codéine, l'immensément beau "Hex" de Bark Psychosis et "Rusty" de Rodan.
    Shoegaze : "Split" de Lush, une grande "Black Sessions" de Ride.
    Et encore, le rock poétique et fiévreux de Noir Désir avec la sortie de son live "Dies Irae"......Alors oui, 1994, c'était pas mal. Non ???
    A +

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  2. Ah, 1994 est l'une de mes années favorites, musicalement et personnellement !
    quelques chefs d’œuvres de cette année:

    Hips & Makers de Kristin Hersh
    Live through this de Hole
    Teenager of the Year de Frank Black
    Geek the Girl de Lisa Germano
    MTV Unplugged de Nirvana

    je file sur la rétrospective que tu mets en lien!

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  3. Vous inquiétez pas, quasiment tous les albums cités y seront et bien d'autres encore ! En électro et en hip-hop il y avait de très bonnes choses aussi.

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  4. et le "41" de SWELL, c'est du poulet ?

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