samedi 4 mai 2019

Gontard - Kevin Malez (2019)

Suivant les pérégrinations de Gontard depuis quasiment la première heure, quand il sortait des disques autoproduits sur sa page Bandcamp, je l'avais un peu lâché - quoi qu'en fait non, puisque j'avais adoré et chroniqué son dernier LP intitulé Repeupler - pour mieux y revenir en 2019 avec... 2029.

Qu'est-ce que ce charabia ? 2029 est le titre du dernier disque de Gontard, sorti le mois dernier et anticipant la vie sociale du village de Gontard Sur Misère en 2029. Le regard est forcément acerbe et l'on est plus dans la dystopie que dans la rêverie éthérée.

Toutefois, Gontard soigne plus que jamais ses instrus sans que son propos n'en soit aseptisé. Ce disque concept prend tout son sens, et l'on ne pourra que le rapprocher du Rio Baril de Florent Marchet (en espérant que Gontard évite de suivre la pense descendante qu'emprunte Marchet depuis). A propos de Marchet, c'est à un quasi-homonyme que l'on peut penser, Georges Marchais, tant le propos de Gontard est centré sur une critique du pouvoir monopolisé par les classes dominantes.

Rien d'étonnant quand on sait que l'artiste a déjà intitulé l'un de ses EPs Rivoluzionari, et qu'il cite Proudhon autant que Gilles Deleuze... L'album, en tant que concept, sublime la somme de chacune de ses composantes - n'est-ce pas là un écho à la société dont rêve Gontard ? - mais quelques titres sont néanmoins auto-suffisants.

Plus particulièrement, Kevin Malez, placé en milieu de disque, impressionne autant par son instru soignée (là où Gontard a parfois pu avoir tendance à se contenter de quelques simplicités à ce niveau) mais surtout d'un phrasé affirmé et envoûtant défendant un discours humaniste à coups de punchlines qu'on ne pourra que chercher à s'approprier : "la boîte 2084, pour optimiser au mieux, ils sont partis quinze jours visiter les entrepôts d'Amazon en Saône et Loire, faut prendre les bonnes idées partout, hein, surtout à droite".

Brillant. Et le clip, entre focus sur un personnage dont on partage vite le sentiment d'être isolé et incompris, oscillant entre paysages urbains, sentiers près d'un lac, bâtisses désaffectées et devanture d'un Aldi, est en tout point conforme à l'illustration de cet univers finalement pas très éloigné de celui de Michel Cloup, autre pensionnaire d'Ici D'Ailleurs, ou même de Jean-Luc Le Ténia, dont Gontard reprenait quelques "classiques" il y a trois ans dans le cadre d'une Mausolée Tape...


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