"J’essaie d’écrire une chanson sur Tonya Harding depuis que je l’ai vue aux Championnats américains de patinage artistique en 1991. C’est un sujet compliqué pour une chanson, notamment parce que les faits marquants de sa vie sont si étranges, controversés, héroïques, sans précédent et clairement américains" indique Sufjan Stevens au moment de présenter les deux versions du titre Tonya Harding qu’il a proposées gracieusement au réalisateur du film I, Tonya.
L’authenticité de la démarche de Sufjan Stevens est indéniable. Il aime Tonya Harding, et cela se sent. La première patineuse à avoir réussi un triple axel fascine le musicien. Ces deux titres sont hantés, et pas seulement par le spectre des affaires, notamment celle qui surviendra en marge des Jeux olympiques de Lillehammer en 1994, où Harding sera condamnée pour la complicité de blessures infligées à sa rivale Nancy Kerrigan.
Sufjan Stevens nous épargne le moindre jugement. Ce n’est pas la première fois qu’il s’intéresse à des personnalités controversées - John Wayne Gacy Jr en était une preuve plus criante encore dans un tout autre registre - et le caractère empathique de l’artiste est clairement perceptible sur ces deux titres. Si la version In Eb Major, est plus délicate et épurée, la D Major comporte néanmoins son lot de majesté et propulse directement l'auditeur vers une rêverie éthérée. Pour peu qu’il ferme les yeux, il pourra d'ailleurs percevoir ce mélange de glace et de chaleur propre aux patinoires sur lesquelles Tonya Harding a écrit les plus belles pages de sa vie. Et s'il les rouvre, il pourra tout simplement admirer le clip illustrant les "triple axel" et autres figures réalisées par la patineuse au sommet de sa carrière...
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