samedi 16 septembre 2017

Rattrapage 2 : Bob Dylan - Girl From The North Country (1963) + Neil Young

Mieux vaut tard que jamais. Je m'étais lancé dans une entreprise consistant à rattraper mon retard concernant certains artistes cultes. Après Nick Cave, dans un article sur le Oh My Lord de No More Shall We Part, c'est à Bob Dylan que je m'attaque.

Passons sur le fait que j'ai neuf mois de retard, durant lesquels j'ai écouté beaucoup de musique mais pas de Bob Dylan. Sauf cette semaine, pour les besoins de cette rubrique. Au vu des conseils présents dans les commentaires, et étant entendu que j'excluais Blood On The Tracks, Bringing It All Back Home et Highway 61 Revisited, que je connaissais déjà, trois albums se détachèrent : Blonde On Blonde, The Freewheelin' Bob Dylan et les Basement Tapes. J'espérais secrètement Desire, pour écouter Hurricane (que j'adore) dans son contexte, mais ce sera pour une prochaine fois.

Verdict ? Je n'ai pas écouté les Basement Tapes au regard de son histoire un peu alambiquée (publiée près de dix ans après sa composition, dans une forme différente), le côté sirupeux de Blonde On Blonde m'a gavé si bien que je n'ai pas été au bout de l'écoute, et The Freewheelin' Bob Dylan m'a plutôt emballé.

Et oui, j'aime parfois Dylan. Je tiens Bringing It All Back Home et Highway 61 Revisited en haute estime, et je vais devoir ajouter The Freewheelin' Bob Dylan à cette liste. Pas forcément le genre de disques que j'ai envie d'écouter tous les jours mais là, pendant une semaine de vacances sous un ciel cafardeux, ça s'écoute assez bien.

Peu de diversité, la guitare en bois et l'harmonica sont omniprésents et la voix nasillarde de Bob Dylan accompagne le tout, parfois appuyé par quelques claviers ou une basse. Qu'on aime ou non Dylan, il faut bien lui reconnaître un songwriting dévastateur dont les seuls contrepoints pourraient être sa voix de canard (ce sont ses détracteurs qui le disent) et la redondance de son propos lorsqu'il choisit de centrer un disque sur les seuls guitares et harmonicas.

Mais je dois bien avouer que je préfère un disque de 50 minutes centré sur cette influence, qui pourrait presque être atmosphérique en un sens tant il est cohérent et pourrait s'écouter accoudé au bar (ou au saloon) en fond sonore pour accompagner des rêvasseries plus ou moins concernées par le contenu musical qui les soutient, qu'un album comme Blonde On Blonde, plus long et rendu assez inaudible (pour ce que j'en ai écouté) par son aspect mielleux inspiré par le mauvais côté des Beatles (j'ai envie de demander s'il y en a un bon, mais je serais alors de mauvaise foi).

Beaucoup de bons titres figurent sur ce disque, tous dans un registre similaire, si bien qu'il est difficile d'en retenir un seul (une coutume sur ce blog, pourtant) parmi Blowin' In The Wind, Masters Of War ou Bob Dylan's Dream. Mais c'est finalement Girl From The North Country que je vais retenir.

Ce titre qui a été repris avec Jonny Cash mais aussi par Eels est un classique de l'oeuvre de Dylan (peut-être moins que Blowin' In The Wind ceci dit) et il est vrai que j'ai beaucoup hésité avec Masters Of War tant ces deux-là parviennent à susciter chez moi ce supplément d'émotion, probablement lié à cette tension permanent qui flotte autour de paroles enflammées (surtout Masters Of War pour le coup, bien que celles de Girl From The North Country ne soient ni anodines ni tranquilles avec l'évocation de cet amour perdu).

Souvent, les gens soulignent chez Dylan ses talents de songwriter gâchés par sa voix et sa capacité à interpréter ces titres. Girl From The North Country est le contre-exemple parfait. Expressif avec une retenue pudique, l'Américain tutoie la grâce si bien que je préfère, chose incroyable, sa version à celle de Mark Oliver Everett, que j'avais pourtant découverte, avec ce piano un brin poussif, avant l'originale.



Pour le prochain volet des rattrapages, je vais essayer d'être plus réactif, et de ne pas attendre neuf mois, mais je prends des risques en m'attaquant à un artiste reconnu par tous comme ultra-talentueux et incontournable, qui ne m'a pourtant jamais touché : Neil Young. Avec lui, pour vos recommandations, c'est simple, je ne connais rien (sérieusement en tout cas) de son oeuvre. Faites-vous plaisir et prodiguez-moi les meilleurs conseils pour l'appréhender. 

14 commentaires:

  1. Pour Neil Young moi j'avais commencé par un live "Weld" mais c'est sûrement pas la meilleure porte d'entrée, après j'avais fait "Harvest moon " parce qu'il venait de sortir. ..puis "Harvest "mais tu pourrais le trouver trop chargé je pense. ..alors peut-être le "Unplugged" ou un de mes préférés "After the gold rush "...A part le 1er de ma liste je ne parle que de son versant acoustique là ! :)
    Tu verras sûrement mieux avec les copains. ..;)

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    1. Intéressant puisque le versant acoustique est sans doute celui qui me parlera le plus chez Neil Young. Je note tout ça, et j'attends les autres conseils =)

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    2. After the Gold Rush, ouep, 1970, les racines. Dix ans plus tard, Hawks and Doves, toujours aussi fragile. Harvest, Zuma et On the Beach sont des indispensables, chacun pour une raison différente. Mais ce ne seront pas nécessairement ceux qui te toucheront. Mirror Ball avec Pearl jam est un chouette album, aussi. En fait, on a tous un album de Neil Young au fond de nous, hé hé.

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    3. Dans le versant acoustique, ce serait lequel ton préféré, Cyrod ?

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  2. Sur Dylan on se rejoint on dirait... je te conseillerais quand même sa BO de "Pat Garrett & Billy the Kid" dans lequel il joue également un excellent second rôle, lequel est un album à part entière et sans doute le seul que j'apprécie vraiment de Dylan (il faut dire qu'il y chante très peu...), avec notamment le fameux "Knockin' on Heaven's Door".

    Pour Neil Young, personnellement pas fan de ses sorties électriques, donc mon trio magique c'est On the Beach/After the Gold Rush/Harvest. Ça m'enlève pas pour autant l'idée qu'il est assez surestimé par rapport à pas mal d'artistes de l'époque (et d'autant plus surestimé ces dernières années puisqu'il n'a rien sorti de majeur pour moi depuis sa BO de "Dead Man" en 95), mais beaucoup, beaucoup moins que les Beatles et Bob Dylan quand même.

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    1. Aha mince je réalise que je t'avais déjà conseillé "Pat Garrett..." et que tu m'avais dit l'avoir déjà écouté !

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    2. Yep, déjà écouté Pat Garrett, et comme toi, le fait que Dylan chante peu (et plutôt en retenue quand il le fait, comme sur Knock'in On...) rend cette sortie séduisante à mes yeux.
      Je pense centrer ma première approche de Neil Young sur le côté acoustique, je prends donc tes conseils en note. La sélection s'affine.

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  3. Super morceau, je lui trouve un côté prémonitoire par rapport à certains trucs que fera Springsteen plus tard.
    Pour Neil Young : mon préféré "On The Beach", et pour un choix un peu moins classique "Harvest Moon", très beau également et moins connu, plus tardif dans sa carrière.

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    1. Tu sais que pour le prochain choix, j'ai hésité entre Neil Young et Bruce Springsteen ? Ce sera sans doute le suivant, d'ailleurs... Marrant que tu en parles ici donc.
      Harvest Moon, j'ai toujours cru qu'il s'agissait de faces B d'Harvest. C'est dire si je ne connais rien à sa disco.

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    2. Pas tout à fait, c'est sa "suite" des années après. C'est assez intimiste, noir mais beau, je pense qu'il peut te plaire.

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  4. ah, je ne suis pas le seul à n'avoir pas compris le culte entourant Blonde on Blonde.... Bon, tout comme Dylan, je connais peu Neil Young (les deux ayant en commun que je les ai beaucoup plus écouté / appréciés au travers des myriades de reprises enregistrés par mes groupes préférés). Il me semble que celui qui m'avait le plus accroché était Mirror Ball, avec Pearl Jam. pas vraiment un de ses disques, donc

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    1. Tout comme toi, Neil Young et Bob Dylan ont ce point commun d'avoir beaucoup été repris par les artistes que j'affectionne. Pas pour rien que je les associe et que Young succède à Dylan dans cette catégorie...

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  5. Perso, Neil Young est un de mes artistes préférés, dans mon top 5.
    Ma sélection fétiches : "On The Beach" (1974), "Zuma" / "Tonight's The Night" (tous deux de 1975) "Everybody Knows This Is Nowhere" (1969). "Harvest" (1972) serait pas loin.
    Mais "Ragged Glory" (1990) et le double "Psychedelic Pill" (2012) sont tout aussi terribles. "Rust Never Sleeps" (1979), rien que pour l'excellent titre "My My, Hey Hey(Out of the blue)" vaut aussi le coup.
    Niveau live, tu as le choix. "Arc-Weld" (1991) reste bien évidement une référence de la puissance tellurique du Loner avec ses Crazy Horse. Aussi "Live at the Fillmore East" (1971), "Live Rust" (1979) et en acoustique, "Unplugged" (1993, avec une version inoubliable de "Like A Hurricane" à l'orgue électrique qui me fout le frisson à chaque fois) ou "Live at Massey hall" (1971).
    Niveau film, "Year of the Horse" réalisé par Jim Jarmusch, est à voir absolument et reste un modèle de rockumentaire !!!

    J'ai eu la chance de le voir au Théâtre Antique de Vienne (à coté de Lyon) en 2013 avec le Crazy Horse originel devant 8000 personnes. Ce concert magique restera graver au plus profond de moi pour toujours. Un moment rare et unique.....et Neil Young reste pour moi un modèle de vieillissement digne dans le rock car il a conservé un esprit pur, un engagement sans faille et une créativité intacte (même si dans sa production pléthorique depuis début des 00's, il n'y a pas que de l'excellent).
    Mais j'ai du mal à être complètement critique avec un artiste que je vénère autant.
    A +
    Francky 01

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    1. On a en effet du mal à être objectif avec nos artistes de chevet...
      Je vais essayer de ne pas le découvrir avec des lives, car c'est rarement une porte d'entrée adaptée pour moi (je suis presque allergique à la formule live... sauf quand j'assiste au moment en tant que spectateur évidemment).
      Je prends note de tes propositions, merci Francky !

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