samedi 22 avril 2017

Julien Doré - Sublime & Silence (2017)

Il y a encore quelques années, la probabilité de me voir écrire quelque chose sur Julien Doré était assez pauvre. C'était même de l'ordre de l'inimaginable. Non pas que je détestais l'artiste, loin de là, mais je n'aurais jamais assumé l'idée de défendre un type issu de la télé-réalité.

Une attitude franchement snobinarde que j'essaye au maximum d'éviter aujourd'hui. Car déjà à l'époque de La Nouvelle Star, j'avais un certain attachement pour Julien Doré. Ca coïncidait avec la fin de mon adolescence, je regardais occasionnellement certains télé-crochets, et le fait de voir quelqu'un en marge comme lui dans ce type d'émission me plaisait au plus haut point.

Je pense de moins en moins que l'attitude la plus rock'n'roll consiste à se tenir en marge du système. Pour "combattre" les dérives du système, il est parfois nécessaire de l'intégrer pour le modifier. Bref, je n'ai aucun mal à dire que j'apprécie Julien Doré et, si aucun de ces disques n'est suffisamment cohérent pour être à mon sens un grand album, j'en retire toujours quelques pépites.

Sur &, dernier cru du Français, c'est incontestablement Sublime & Silence qui constitue le morceau sur lequel je bloque. Et pourtant, la première fois que j'ai écouté le disque, je ne me suis pas arrêté dessus. La première fois que j'ai vu le clip à la télé (par hasard, chez un ami, car je ne regarde jamais les clips) ce qui m'a le plus marqué, c'est ma jubilation de voir l'incompréhension desdits potes dans le fait de voir Doré courir après des poneys, bien plus que les qualités musicales du morceau.

Et puis, il faut avouer que, malgré ses synthés cheaps voire putassiers, il y a quand même du très bon sur ce titre endeuillé ("je sais que tu restes, dans les fleurs que j'te laisse, la nuit"). Quelques notes de piano bien senties, une rythmique nonchalante et ces synthés cheaps justement dont la suite est juste addictive (et me rappelle pour le coup un vrai plaisir coupable avec le Sensual Seduction de Snoop Dogg).

Ce n'est pas la première fois que je suis très sensible à des synthés rétro que j'ai pourtant l'habitude d'abhorrer, je les adorais notamment sur le Saturdays=Youth de M83 qui constituait le chant du cygne d'un artiste passionnant qui allait ensuite se perdre dans quelque chose de très tapageur et plus subtil pour un sou malgré le hit Midnight City.

Pour revenir à Julien Doré, il serait quand même dommage de continuer à bouder l'artiste qui, malgré des aspects qui peuvent agacer (sa manière de forcer son chant, que j'aime beaucoup mais dont je comprends qu'elle puisse rebuter) est quand même autrement plus aventureux que n'importe quel candidat issu de la télé-réalité, en témoigne d'ailleurs le choix d'une ballade aussi épurée que Sublime & Silence comme single. Et puis, il faut bien avouer que sur le plan du style et de l'allure, je me sens une certaine compatibilité qui ne me le rend que plus sympathique.

Impatient de le voir en concert dans un mois et demi, en espérant que ce soit aussi bien qu'à Nantes où Alexandre et Etienne avaient pu l'admirer.


6 commentaires:

  1. Superbe titre et un album qui revient souvent sur la platine. ...comme toi jamais je n'aurais pensé accrocher à cet artiste avant "Love "...

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    1. Il faudra que je revienne sur ce "&" dans sa globalité. Je l'écoute de manière décousue, quelques titres par-ci par-là (souvent les mêmes) suite à une première écoute globale qui m'avait plutôt laissé de marbre.
      Pour beaucoup, il est honteux d'aimer Julien Doré. Je n'en ai pas grand chose à carrer de cette pseudo-exigence, et je trouvais ça fun de mettre Julien Doré en avant le jour du Record Store Day. Un petit contrepied.

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    2. En fait je trouve qu'il arrive très bien à concilier "exigence " artistique et popularité, très difficile à faire. ..

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  2. Les titres de "&" prennent une autre ampleur en live, ça permet vraiment des les apprécier différemment en retournant au cd après coup... Mais ça tu le découvriras sous peu ;)

    J'ai été un peu snob aussi, mais maintenant je n'ai aucune limite. Si un truc de Beyoncé, Rihanna ou autre me plait, je ne vais pas m'en cacher, et si le dernier truc hyper pointu et encensé m'emmerde je ne vais pas faire semblant d'aimer. L'inverse est au final contre-productif

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    1. Tout à fait, et on peut s'en rendre compte sur votre blog, à Etienne et toi, de cette absence de limites dans ce que vous pouvez relayer. Bien plus que moi, clairement, puisque même lorsque je défends un Julien Doré, je sais que je m'expose aux quolibets.
      Alors défendre un titre de Rihanna, je sais pas comment je pourrais faire. Ca tombe plutôt bien, à part pour les reprendre à la guitare pour faire le con, ça ne m'a jamais attiré l'oreille plus que ça =)

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    2. C'est dommage des quolibets pour si peu... On peut ne pas aimer pour de bonnes raisons mais c'est vraiment un sacré sectarisme que de s'arrêter au succès commercial ou à la simplicité musicale, d'autant plus que ça se sent que lui est authentique.

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