lundi 19 mai 2014

Michaël Gira - Blind (1995)

Depuis 2010, les Swans sont de retour, et ce, après un hiatus de quatorze ans. Jusqu'à la semaine dernière, ça m'en touchait (presque) une sans bouger l'autre. Mais ça, c'était avant.

Les blogs sont une véritable mine d'or, on ne le dira jamais assez. Si la plume de Chris ne m'avait pas donné envie, par ici, de dépasser une certaine réticence face aux derniers projets des Swans, je n'aurais jamais eu la curiosité d'explorer leur discographie antérieure, et encore moins d'examiner les opus en solo de leurs membres.

Sur l'un d'entre eux, en l'occurrence le Drainland de Michael Gira, sorti en 1995 - on parle de disque solo, mais il est en fait intitulé Swans Related Project, et contient deux faces, l'une de Michael Gira, donc, l'autre de la chanteuse/claviériste Jarboe, pas franchement de séparation en vue à l'époque pouvait-on penser, mais le groupe cessait ses activités communes dès l'année suivante, après la parution de Soundtracks For The Blind). Tiens donc, on parle déjà d'aveugle, par ici.

Bon, je dois nuancer aussi, car on croirait, à me lire, que j'ai une aversion quelconque vis-à-vis des Swans. Or, ce n'est clairement pas le cas. Leurs compositions à base de rock expérimental, post-rock, post-punk ou drone (choisissez, leur musique est un mélange de tout ceci) sont extrêmement ambitieuses, les ambiances sombres peuvent potentiellement me plaire, mais mon attention finit par lâcher avant la fin de l'album. Trop ambitieux ? Peut-être. Pas assez rythmé ? Non, c'est autre chose. Trop long ? Assurément !

Je n'ai jamais écouté (je devrais !) My Father Will Guide Me up a Rope to the Sky, qui, du haut de ses 44 minutes, est tout à fait raisonnable, mais les 119 minutes de The Seer et les 121 minutes de To Be Kind ont tendance à vite me décourager à cette époque où, c'est un problème, je suis tenté d'écouter pleins de disques, et que pour une écoute de To Be Kind (qui en mérite, j'imagine, au moins 5 ou 6 pour en déceler tout le potentiel), imaginez le nombre d'albums à côté desquels je passe. Le choix est vite fait, peut-être à tort.

A tort, suis-je tenté de dire, car peu de formations font actuellement l'unanimité, ou presque, dans les "cercles indés" (non, ça ne veut rien dire, mais je suis sûr que tout le monde a compris). Quand on voit que des superbes disques comme ceux de Beck ou Damon Albarn sont boudés, que les petits nouveaux qui pointent le bout de leur nez peinent à s'imposer (franchement, quel artiste a cumulé succès d'estime et popularité dans les cercles indés, ces 5 dernières années ?), on se dit que la performance mérite d'être saluée.

Bon bref, je ne fais pas un retour sur les Swans, mais sur le Drainland de Michael Gira. Un album finalement proche de ce que font les Swans aujourd'hui (il n'y a que 4 albums, discographiquement parlant, entre celui-ci et le To Be Kind sorti le mois dernier), mais peut-être moins ambitieux et plus accessible, ce qui, avec ces musiques exigeantes, me va finalement tout à fait.



Et puis, en fin de disque (avec seulement 46 minutes au compteur, il a l'avantage d'être tout à fait raisonnable et jamais mon attention ne flanche), un morceau dépareille. Il est plus accessible, presque inoffensif, du moins en apparence. Blind arrive donc avec son crescendo instrumental. On pourrait croire à quelque chose de presque doux. Mais le chant de Michael Gira et ses paroles évoquant l'insouciance de la jeunesse, les espoirs déchus et la désillusion liée au déclin ont tôt fait de casser l'ambiance dans la plus grande majesté qui atteint son paroxysme sur chacun des refrains avec ses arrangements de corde dont je me délecte. Ce morceau vaut bien des discographies entières...

4 commentaires:

  1. Eh bien, quel belle déclaration!!! Je suis très contente de t'avoir permis de "rencontrer" cette magnifique chanson... qui se révèle inusable (même avec les années...)!

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  2. Merci à tous les deux, je connaissais pas ce disque qui me fait bien de l'oeil, du coup.

    Pour Swans accroche-toi sur The Seer plutôt qu'essayer My Father Will Guide Me Up A Rope To The Sky que je trouve deux crans en-dessous, le dernier To Be Kind est presque aussi bon que The Seer mais moins varié et plus dans la transe que dans les crescendos et ruptures incessantes qui font de celui-ci un monument épique.

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  3. Rabbit a raison, accroche toi avec Swans. Sur que le combo créé une musique exigeante mais ô combien fascinante. Parmi le pléthore de reformation auxquelles on assiste depuis quelques années (ah, la "rétromania" dixit S.Reynolds), c'est surement le come back le plus sincère, inspiré et créatif.....et de loin.
    La créativité justement. Elle a toujours été leur mot d'ordre. En 2010 avec "My Father Will Guide Me Up A Rope To The Sky", ils avaient opéré un retour en grâce majestueux, un des meilleurs disques d'une année pourtant pas avare en la matière ! Perso, c'est MON best !!!
    "The Seer", bien que réussi, est peut être (un poil) trop long. Mais c'est vraiment une oeuvre fascinante. "Not Here Not Now", le live sorti en 2013, restitue bien la puissance scénique du sextet.
    Le dernier, bien que je ne l'ai pas encore vraiment écouté, me parait très exigeant, complexe et long....mais toujours aussi envoûtant et créatif.
    A +

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  4. Difficile de dire quel album des trois derniers Swans est le meilleur, ils nécessitent de très nombreuses écoutes, ce qui n'est pas évident vu leur longueur! Je te conseille de commencer avec "My Father Will Guide Me Up A Rope To The Sky", c'est de loin le plus abordable. Après, ils sont tous très bons... the Seer commence notamment par le titre "Lunacy", un pur chef d'oeuvre....

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