Il n'est donc pas un dinosaure, mais il compose un dernier disque plus apaisé. Ununiform est le nom de cette dernière mouture, et comme souvent avec les dernières productions de Tricky, le très bon côtoie l'anecdotique. Il évite en tout cas les fautes de goût de l'abominable Mixed Race, ce qui n'est déjà pas rien.
Contentons-nous de peu. Et nous serons alors très agréablement surpris puisque Ununiform recèle son lot de perles, sur lesquelles je ne m'arrêterai pas en détail ici, puisqu'il y a bien assez à évoquer avec When We Die, morceau final de ce disque. L'événement n'a pas fait la une des médias et pourtant, ce titre voit le Kid de Bristol collaborer avec son ancienne muse, Martina Topley-Bird, pour la première fois depuis 1998 et Angels With Dirty Faces.
Les tensions s'apaisent avec l'âge, disions-nous. Si Tricky avait remplacé Martina par plusieurs chanteuses avant de s'arrêter sur Francesca Belmonte depuis False Idols en 2013 (tout en invitant à chaque fois d'autres invité(e)s, le père Tricky s'est calmé, mais il n'est toujours pas exclusif), il renoue avec la mère de sa fille, sur un titre qui ne décolle jamais totalement puisqu'il fait le choix du maintien permanent d'une tension.
Celle-ci est instaurée dès le début du titre avec des boucles synthétiques menaçantes et le chant reptilien du Bristolien qui déroule dans son style caractéristique avant que son ancienne muse ne prenne le relais pour apporter un caractère plus éthéré à cette instrumentation poignante. Pas de montée en puissance artificielle, pas de refrain larmoyant. Seulement l'essentiel. En 2017, il est possible de reprendre les vieilles formules sans qu'elles ne sentent la récupération ou la spéculation à plein nez. Espérons que le moments où ils meurent n'arrive pas trop rapidement...
Vrai beau titre, j'en dirais pas autant de l'album mais effectivement pas aussi craignos que "Mixed Race"...
RépondreSupprimerTricky est vraiment un artiste sur-estimé, je trouve. Et en plus, il a la tête comme un melon en interview, c'est simle, c'est lui qui a tout inventé et tout le monde l'a pompé.
RépondreSupprimerEt c'est pas faute d'avoir essayer de le suivre à ses débuts. Quand il se transforme en nearly god etc., on entend très bien que ceux qui l’encensaient à l'époque n'écoutait pas Alan Vega de la même époque (ou de quelques années avant).
When we die, c'est pas mal, mais ça aurait pu être écrit et sorti avec le même son il y a 30 ans. C'est pas ça qui va me donner envie de retourner écouter cet artiste.
Pourtant, dans le film d'Assayas (je sais plus lequel, mais un beau film, en tout cas), il était vraiment génial dans son propre rôle, avec cette posture très maso sur son image. Il a vraiment une personnalité plus intéressante que sa musique, au final.
Bah il faut avouer qu'avec Massive Attack il effectivement contribué à inventer tout un pan de la musique moderne. Alan Vega était pas franchement influencé par le hip-hop ou la soul à l'époque, que Tricky a contribué à fusionner avec des musiques "blanches" plus froides ou noisy. Sans parler de ses productions pour Björk à l'époque où elle réinventait la pop à coups d'électronique expérimentale et de sampling.
RépondreSupprimerEffectivement le caméo de Tricky dans "Clean" est sympa. Et pour l'avoir croisé en concert et reçu du bonhomme un hug tout transpirant, sourire au lèvres et bonheur simple de partager avec son public, je le trouve pas si prétentieux que ça, finalement.
Salut Rabbit, pour Vega, faut que tu écoutes Power to Zéro ou Deuce Avenue. Si c'est pas du hip hop fracassé façon Tricky... Pour Massive Attack, complètement d'accord sur leur importance. Mais quand tu lis Tricky, Massive Attack c'était lui. Sauf erreur, pour le premier, y avait 4 cerveaux branchés, pas un seul. Et les autrs ont prouvé qu'ils ne copraient pas pour du beurre. En tout cas, j'écoute plus l'intégral de Massive Attack que les 2 ou 3 premiers Tricky.
RépondreSupprimerJ'ai pas dit que Tricky était mauvais, j'ai juste dis qu'on l'avait sur-estimé. Y a pire dans le genre, Morcheeba, par exemple. :)
Pour Revenir à Clean, c'est ça qui m'étonne, quand je l'entends dire, complètement largué, qu'il a été pompé par tout le monde et l'image qu'il dégage dans ce film (et j'avais aussi vu une vieille émission sur lui où on sent un gars super sensible et touchant). Je pense qu'il a vécu un peu dans un tour d'ivoire sans s'en rendre compte à un moment donné, à force d'entendre dire qu'il était trop génial.
J'ai une tendresse pour Morcheeba (dont je sauve quand même quelques albums), mais c'est clair que Tricky c'est un cran au-dessus (et Massive Attack encore un plus haut).
RépondreSupprimerJe suis pas certain que Tricky soit si sur-estimé. Il est quand même hyper prolifique, là où Massive Attack, c'est "que" 5 albums sortis en plus de vingt ans.
En tout cas, je te rejoins, Audrey, sur le fait que la personnalité de Tricky est aussi intéressante. Il a quelque chose de magnétique, qui se ressent d'ailleurs sur scène. Pas pour rien que bon nombre de ses collaboratrices finissent par tomber sous son charme (Björk, Martina Topley-Bird, Francesca Belmonte) avec une dose de prétention assumée, il est vrai, une volonté de "complexifier" peut-être sa personnalité plus qu'elle ne l'est, mais il est profondément humain, et assume, peut-être mieux que quiconque, ses contradictions.
En matière de pompage, MORCHEEBA s'était taillé une petite réputation. Je me souviens avoir lu jadis une interview de je ne sais même plus quel artiste qui expliquait en substance s'être astreint à parler tout bas lors d'une sortie au restaurant après s'être rendu compte que MORCHEEBA dînait à la table d'à côté.
RépondreSupprimerMorcheeba il fallait les prendre pour ce qu'ils étaient, un listener's digest très pop d'un trip-hop qui à l'époque étaient beaucoup plus expérimental et aventureux chez les autres. Donc pompeurs, faut pas charrier, encore eut-il fallu qu'ils aient été capables de plagier les génies qui les entouraient à Bristol...
RépondreSupprimerSinon Audrey je connais un peu Alan Vega aussi et donc non, "Deuce Avenue" et "Power On to Zero Hour" c'est encore bien loin du hip-hop fracassé de Tricky comme tu dis, le premier serait plutôt une sorte de new-wave robotique et fantomatique, le second touche un peu à la proto-dance du début des 90s qui était elle aussi une musique typiquement "blanche". Pour moi à la limite ça préfigure plus les excellents Add N to (X) que Tricky, sans compter que ça n'a pas toujours très bien vieilli.
Bref Tricky on aime ou on aime moins, pour moi "Maxinquaye" vaut les meilleurs Massive Attack, les deux suivants sont fabuleux aussi, après le bonhomme a sorti du bon ("Blowback", "Juxtapose") voire du très bon ("Vulnerable", où l'on apprend qu'il doit pas mal à Cure aussi, donc Alan Vega pourquoi pas, en tout cas les Cure il ne s'en cache pas) mais aussi du dispensable et même récemment du chiant voire du mauvais, le bonhomme me déçoit beaucoup sur albums depuis quelques années mais personne ne l'estime plus à ce point donc surestimé ? A la grande époque sûrement pas, pour moi.
C'est évident que sur ses dernières sorties, il y a du déchet. J'ai également une grande affection pour Vulnerable, que je me suis d'ailleurs écouté tout à l'heure (il y a juste deux pistes, la 10 et la 11, dont il aurait dû s'abstenir, avant d'enchaîner avec la géniale reprise du Love Cats des Cure, sans doute une des reprises les plus abouties de sa disco).
RépondreSupprimerQuand j'associe Tricky et les pompages, je pense surtout à Geoff Barrow de Portishead qui lui aurait piqué l'idée du Ike's Rap II d'Isaac Hayes pour former le tube Glory Box, alors que Tricky ne l'utiliserait que quelques mois plus tard pour Hell Is Round The Corner...