lundi 12 septembre 2016

Noir Désir - A L'Envers A L'Endroit (2001)

Quinze ans. Quinze ans aujourd'hui que quatre avions survolant les États-Unis étaient détournés avec les tragiques conséquences que l'on connaît. A cette heure où le monde semble de plus en plus marcher sur la tête, il n'est pas inutile de s'en rappeler, une technique pas forcément plus inutile que la politique de l'autruche.

Et quel titre, mieux que A L'Envers A L'Endroit, pourrait s'imposer pour accompagner ce devoir de mémoire ? Plusieurs raisons à cela : Des Visages Des Figures, chef-d’œuvre ultime de Noir Désir, est également sorti ce 11 septembre 2001. Et puis, il y a ce titre, qui peut joliment faire écho à ce monde qui marche sur la tête, tel que je le décrivais en introduction...

Enfin, il fait apparaître un Bertrand Cantat alors au sommet de son art - et de sa popularité ? - comme un marqueur du temps qui s'est écoulé. Celui-ci n'était pas encore l'objet d'une rime facile de Diam's ("y a comme un goût d'attentat - on y revient toujours -, comme un goût de Bertrand Cantat") et n'occupait pas les pages des faits divers.

Quinze ans, donc, ont passé, et le monde a de nouveau changé, ou du moins évolué. Si le texte de A L'Envers A L'Endroit était réécrit aujourd'hui, on ne parlerait sans doute plus de Vivendi, mais de Facebook, mais si le flacon a changé, l'ivresse est restée la même. Quelles évolutions donc ? Il peut être intéressant de rappeler que le nombre de personnes tuées lors d'attentats et tueries de masse a doublé entre 2002 et 2014, preuve de l'inefficacité de la politique musclée menée par George W. Bush.

On peut reprocher beaucoup de choses à Bertrand Cantat, je peux comprendre qu'il agace - il m'agace d'ailleurs de plus en plus - mais on ne peut pas lui enlever que, avec les paroles présentes sur Des Visages Des Figures, il avait parfaitement saisi la température ambiante d'un monde en pleine mutation à la croisée des siècles. Avec ses excès - taper de manière trop systématique sur le FN, bien qu'il en revenait sur cet opus, comme s'il comprenait déjà que le simple fait d'en parler offrait une tribune et une floppée de voix potentielles à cette extrême - mais jamais sans authenticité.

Loin d'être représentatif de Le Vent Nous Portera, single surévalué dont le clip mettait en lumière une future actrice de Plus Belle La Vie, ce disque nous offrait quelques uns des plus grands titres de la "chanson française indé" (comment définir autrement ces compos aux confins de la culture populaire et radicale ?), que ce soient la version dépouillée du Des Armes de Léo Ferré, l'énergie rock de Son Style 1, Le Grand Incendie ou Lost, ou encore la contemplation de L'Enfant Roi, L'Appartement ou Des Visages Des Figures.

Et A L'Envers A L'Endroit, tout comme l'odysséesque L'Europe, s'inscrivait au confins de tout cela à la fois, en faisant un titre intemporel.


6 commentaires:

  1. 11 septembre 2001, le début de ma vie d'adulte. un symbole du siècle à venir...
    mon Noir Desir favori. J'aime beaucoup ce morceau, mon préféré est "des Visages des Figures" je pense.

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    1. Oui j'aime beaucoup Des visages des figures aussi. Pas grand chose à jeter sur ce disque, de toute façon.

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  2. J'ai vécu une courte période d'appréciation de Noir Désir. J'ai écouté tous leurs cds assez régulièrement pendant 2-3 semaines, au collège, je trouvais ça super cool... et puis inexplicablement ça m'a passé. Et depuis le groupe m'irrite. J'ai vraiment du mal. Avec la musique, la voix, les textes, tout. Je les rangerais presque avec les Tryo et autres atrocités francophones (je parle de ma subjectivité là, c'est pas très charitable car pas objectif, chacun les range où il veut).
    A chaque fois qu'un pote me parle de Noir Désir j'essaie de l'aiguiller vers le Gun Club, et c'est déjà pas mal le fait de faire parler du Gun Club finalement. Tryo n'amène pas ça. J'ai vraiment pas été très juste, mais bon tant pis, on peut pas tout aimer.
    Donc sans moi sur ce coup !

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    1. Oula oui, la comparaison avec Tryo est très très très sévère.
      Après, je comprends qu'on n'apprécie pas Noir Désir.
      Pas très très fan du Gun Club pour ma part, et pourtant j'ai essayé, mais Jeffrey Lee Pierce n'exerce pas de fascination comme a pu le faire Cantat quand j'étais ado.
      Cela dit, je suis assez d'accord avec toi sur un point : si je découvrais aujourd'hui Noir Déz', je ne suis pas sûr que j'accrocherais... Mis à part ce dernier disque, qui ne lorgne pas vers le même public et ne joue pas dans la même cour.

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  3. Cette direction moins rock et plus nuancée m'allait également tout à fait.
    Pour ce qui est de Le Vent Nous Portera, peut-être l'ai-je trop écouté, ou est-ce le syndrome du rejet des titres/artistes trop adulés par le commun des mortels (je ne suis pas fier d'éprouver ce sentiment, mais c'est parfois le cas). Qu'importe, en tout cas, je m'en suis lassé et, assez objectivement, je trouve que c'est l'un des moins ambitieux musicalement de cet opus.

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  4. La comparaison avec TRYO c'est dur mais tant que tu ne pousses pas la comparaison jusque KYO. C'est vrai que NOIR DESIR n'a pas forcément bien vieilli (certains morceaux m'insupportent)... mais pas toute leur discographie non plus : Bientôt 20 ans qu'est sorti 666/667 CLUB et je pense que je me le réécouterai volontiers.

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