vendredi 26 juin 2015

Elysian Fields - Timing Is Everything (2003)

L'accumulation de nouveautés fait que la manière dont je consomme la musique a évolué. J'ai toujours une grande quantité de disques - pour rien au monde je ne m'en séparerais même s'ils occupent une place non négligeable dans mon salon - et je continue même d'en acheter. Pourtant, c'est sur mon ordinateur que j'écoute le plus de musique.

Si la démarche s'entend pour les disques que je ne possède pas, et notamment pour les nouveautés, je dois bien avouer que, parfois, j'opte pour le mp3 présent sur mon disque dur, plutôt que pour le CD qui est pourtant à cinq mètres de moi. Les raisons sont nombreuses, et plus ou moins bonnes (surtout moins) les unes que les autres. Le manque de courage, la mobilité de l'ordinateur qui me permet d'écouter l'album jusqu'au bout même si je change de pièce, la possibilité d'écouter au casque sont les principales.

J'exclus le cas des écoutes de disques en voiture, qui, changement professionnel oblige, sont de plus en plus conséquentes. La médiathèque me permet alors quelques découvertes, et surtout des révisions de classique, qui me replongent dans une époque pré-web 2.0.

Mais aller jusqu'à acheter un disque dont je ne sais absolument rien, cela faisait longtemps que je ne l'avais pas fait. La braderie locale, dimanche dernier, ne permettait pas trop d'hésitation. Un Jay-Jay Johanson et un Elysian Fields pour un malheureux euro, je ne pouvais pas laisser passer l'occasion.

Pourtant, si je suis très branché sur Jay-Jay Johanson en ce moment (la preuve ici), dont je me suis réécouté l'ensemble des disques ces derniers jours à l'exception de Rush et Cockroach (il en reste quand même huit), je ne connaissais Elysian Fields que vaguement. Oh, pour sûr, j'avais déjà écouté le groupe, mais le dernier opus que j'avais trouvé timoré, ainsi que, probablement, un ou deux autres dans une période de boulimie musicale dont je sors à peine, et je dois avouer n'en avoir gardé aucun souvenir.

J'écoutais donc ce Dreams That Breathe Your Name sans en attendre quoi que ce soit. Et lorsque je découvrais qu'il s'agissait du quatrième opus du groupe, je déchantais. Pourquoi ? Car j'avais souvenir d'avoir lu, à l'occasion du For House Cats and Sea Fans sorti l'an passé, que le groupe avait perdu de son intérêt au fil du temps.

Un quatrième album sept ans après ses débuts n'inspirait donc pas forcément quoi que ce soit de bon. Grossière erreur. Le début du disque me happera aussitôt. Je retrouve la voix de Jennifer Charles que j'avais également rencontrée* sur le A Bird On A Poire de Jean-Louis Murat, sorti en 2004, soit un an après l'album mis à l'honneur dans cet article.

Je retrouve dans la musique d'Elysian Fields quelque chose de Mazzy Star. Vocalement, Jennifer Charles tiendrait presque la comparaison de la pourtant inégalable Hope Sandoval, et musicalement, il y a également quelque chose de commun dans cette tristesse à la fois désespérée, désespérante et lumineuse. Quant à la composition de groupe similaire avec à chaque fois un guitariste masculin et une chanteuse, elle permet sans doute un certain équilibre en termes de genres, qui est probablement lié à cette décharge d'émotions paradoxales et sur le fil.

Depuis les quelques écoutes en boucle de Dreams That Breathe Your Name, j'ai évidemment écouté la quasi-totalité des opus du duo, sans jamais retrouver la même magie. Les deux premiers albums sont pourtant d'excellente facture, mais, comme souvent, c'est l'album avec lequel on découvre (ou du moins celui sur lequel on s'arrête, ce qui est finalement logique) un groupe qui a notre préférence.

Et au sein de ce Dreams That Breathe Your Name, je suis bien embarrassé pour ne désigner qu'un seul morceau clé. Cela aurait pu être Live For The Touch ou Baby Get Lost, mais le sommet me semble bien être Timing Is Everything.

Ce titre est sans doute moins onirique que le reste de l'album. Il démarre avec quelques notes de guitare, avant que Jennifer Charles n'apporte très rapidement son énergie sur cette seule trame sonore. Déjà, lorsque la chanteuse déclame : "I can't get involved / You're knockin on my pretty pink house just like a wrecking ball", on ressent un caractère addictif dans ce chant à la fois désinvolte, efficace et dynamique. Paradoxale, la musique d'Elysian Fields l'est, et à partir de 0'38, la rythmique donne une nouvelle dimension à un morceau qui, comme son nom en précise l'importance, maîtrise parfaitement l'alternance des temps forts et faibles.

Du timing, en somme. Quelques touches de piano sont disséminées ici et là à bon escient, accentuant le ressenti de diversité mélodique. Pas besoin de tourner en rond, lorsque l'on possède de si bons ingrédients. En 2 minutes 45, la messe est dite. On n'a plus qu'à continuer l'écoute de l'album, qui se poursuit avec un Drunk On Dark Sublime très "Mazzy Starien" dans l'esprit.



* Je viens de me rendre compte qu'elle chante aussi sur Heart Stop, sans doute le seul titre de Wax Tailor que j'aime beaucoup. Sans doute pas un hasard.

8 commentaires:

  1. de mon coté il n'y a que le premier que je trouve indispensable. Mais ca reste toujours bien fait, et effectivement la voix de Jennifer Charles compte parmi les plus marquantes que je connaisse...

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  2. Mes préférés de Bloedow & Charles restent les deux disques parus chez Tzadik sous le nom La Mar Enfortuna.

    https://www.youtube.com/watch?v=Et0dk0TKhzk&list=PLQ4TLMBoBW5n_-ndCZGlpQ_59dhy4QJ-s&index=23

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  3. Je suis comme toi. Bien que j'achète encore des CD's (beaucoup moins que dans les années 90's), j'écoute plus la musique en général en mp3, sur mon ordi ou mon poste de voiture (clé USB). Et de même avec les disques que je possède, les ayant quasi tous "numérisés".

    Perso, j'ai plutôt bien aimé "For House Cats and Sea Fans" mais ne possède pas d'autres albums d'Elysian Fields.
    Je serais preneur de "Dreams That Breathe Your Name" à l’occasion, si tu as le temps d'un p'tit dropbox. Merci d'avance.
    A +

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    1. Tu pourrais trouver ton bonheur par ici : http://l4sp1kdlycmus1c-03.2343830.n4.nabble.com/Elysian-Fields-Dreams-That-Breathe-Your-Name-2003-320-td783.html ;)

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  4. Sainte trilogie pour ma part :
    Bleed Your Cedar (1996)
    Bum Raps And Love Taps (2005)
    The Afterlife (2009)
    ... ex aequo mais assez différents finalement, celui de 2009 étant beaucoup plus jazzy/dissonant par exemple, avec quelques-unes de les compos les plus étranges.
    Le dernier est un semi-ratage par contre.

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    1. ... de LEURS compos... grr.

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    2. Et sinon si tu connaissais pas Jennifer Charles tu as dû passer à côté du très bon Lovage de Dan The Automator avec également Mike Patton au micro en 2001, petit bijou de trip-pop/pop rétro en hommage à Gainsbourg, Hitchcock et d'autres. Tu devrais apprécier je pense !

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    3. Ah si, pour le coup, je connaissais le Lovage de Dan The Automator. J'avais apprécié, sans tomber raide dingue non plus.
      Je vais écouter les 2 Elysian Fields que tu me conseilles, par contre =)

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