Poursuite donc de ce top avec les quinze albums les plus marquants d’une année durant laquelle mon temps d’écoute aura été monopolisé par des artistes féminines ultra-présentes aux cinq premières places.
15. Tangent – Approaching Complexity
Entre ambient, néoclassique et électro-acoustique, les séquences sonores déclinées par le duo néerlandais ont beau être minimalistes, elles sont imprégnées d’un élan de vie sulfureux. Sans jamais emprunter l’écueil de la quête de performance, Tangent plonge l’auditeur dans des sphères labyrinthiques complexes mais chargées d’émotions.
14. Eels – The Deconstruction
Que Mark Oliver Everett est pénible... Même quand il vient gâcher avec quelques titres soporifiques un disque qui aurait pu (et dû) être un chef-d’oeuvre supplémentaire, il se montre suffisamment génial sur les grands moments pour rendre l’ensemble indispensable. The Deconstruction est un disque schizophrénique sur lequel E avance au petit trot lorsqu’il s’agit de composer des ballades maintes fois entendues. Il est en revanche en forme olympique sur les morceaux plus puissants. L’excellence inachevée, en somme.
13. Leonis – Europa
Adepte de collages et de musique concrète, Leonis ouvre sa musique aux quatre vents sur Europa. Les beats entourent d’efficaces samples retouchés par le Français pour décupler une puissance mélodique et un second degré légèrement désabusé. Ce "hip-hop triste", comme le décrit son auteur, constitue un emballant patchwork à tiroirs recourant quasi-constamment au contre-pied.
12. Komparce – Subjective Molecules
Co-fondateurs du label Chez.Kito.Kat, Christophe Biache et Samuel Ricciutifont table rase du passé et vont de l’avant. Les expérimentations analogiques de Zerlegzen sont habilement digérées et c’est dans avec une IDM plasmique plus Warpienne que ceux-ci s’illustrent à l’occasion d’un Subjective Moleculesinstrumental et rythmé par des beats circulant autour de nappes planantes tutoyant toutefois des sonorités industrielles.
11. Laish – Time Elastic
Dans la lignée du génial Pendulum Swing, Laish offre au label Talitres sa plus belle sortie de l’année avec Time Elastic. Un recueil de titres à guitares mélancoliques à même de faire chavirer les cœurs de pierre, dans la lignée de songwriters du calibre de Matt Berninger ou Stuart Staples. Enivrant.
10. Moby – Everything Was Beautiful And Nothing Hurt
Moby était encore digne d’intérêt en 2018, et il ne s’agit pas d’une blague. Ces dernières années, l’Américain avait aligné quelques projets mineurs allant de plages instrumentales accompagnant la pratique du yoga au rock électrique de Moby & The Void Pacific Choir. En amont, ce sont les anecdotiques Destroyed et Innocents qu’il avait composés, si bien qu’il fallait remonter à 2009 et Wait For Me pour trouver un album emballant concocté par Richard Melville. Second (voire troisième ou même davantage...) souffle ou chant du cygne, Everything Was Beautiful And Nothing Hurt est en tout cas à la hauteur de ce que l’on peut attendre d’un disque de Moby, planant, rassurant et ambitieux, même s’il recourt à quelques-uns de ces tics qui permettent aussitôt d’identifier sa patte.
9. Farai – Rebirth
Ovni de l’année, la Londonienne vient bousculer chaque auditeur dans son confort avec la rage de ceux qui connaissent les fins de mois difficiles, propos qu’elle assène directement à Theresa May sur un This Is England dépouillé et hallucinatoire. L’électro-punk de Farai lorgne sur un hip-hop minimaliste profondément dérangeant et inspiré.
8. Shoefiti – Fill The Silence With Your Desires
Raccourci en raison de la chute d’un arbre sur la ligne électrique alimentant la ferme normande où le combo parisien l’enregistrait, Fill The Silence With Your Desires n’en est pas moins une oeuvre aboutie et cohérente, appréciant les écarts sans jamais rien perdre de l’ambition et la fougue caractérisant ce rock à guitares sanglantes. L’une des rares sorties jouissives de l’année dans un genre sous respiration artificielle.
7. Unsung – An Interior History
Annoncé par un trailer reprenant le No Surprises de Radiohead et balisé par la voix du robot de Macintosh à l’honneur sur Fitter Happier, An Interior History semble multiplier les clins-d’œil à Ok Computer. Mais point de guitares désespérées ici, et c’est un abstract hip-hop transcendant et décadent que Steven Miller propose sur ce disque qui partage néanmoins avec la pierre angulaire du quintet d’Oxford un mélange de fascination et de crainte à l’égard de machines omniprésentes. Addictif.
6. Robin Foster – PenInsular II - The Bridge
Avec le recul, Empyrean constituait peut-être la première (légère) baisse de régime de la discographie de Robin Foster. Alors le Breton d’adoption est revenu à ce qu’il maîtrise le mieux, à savoir la composition d’ambiances mélancoliques à la fois lénifiantes et vivifiantes. Le Britannique distille donc un post-rock mâtiné de synthétisme inspiré pour la seconde fois par quelques-uns des paysages de Camaret, sur la Presqu’Île de Crozon où il a posé ses valises. Toujours dans la même veine, sans surprendre outre-mesure, Robin Foster rassure et inspire. C’est déjà beaucoup.
5. LUMP – s/t
Après un concert de Neil Young en 2016, Laura Marling a été présentée à Mike Lindsay. Remercions la personne à l’origine de cette rencontre préalable à la formation du projet LUMP dont le premier disque associe les fulgurances vocales de l’Anglaise aux textures synthétiques à la fois glaciales et colorées concoctées par le fondateur de Tunng, l’ensemble étant soutenu par des arrangements aussi imparables qu’élégants. Indispensable.
4. Ex:Re – s/t
Centre de gravité de Daughter, Elena Tonra ne s’offre pas avec Ex:Re une récréation solitaire mais propose plutôt le disque le plus emballant auquel elle ait participé. Seule à bord, la Londonienne a tout le loisir de composer une pop-folk synthétique pulsatoire et hantée aux mélodies ravageuses dans la plus pure tradition des travaux réalisés par les pionniers de 4AD.
3. Beach House - 7
Certes, l’ensemble est parfois sucré. Mais à l’image d’un Lemon Glow, Beach House réussit avec ce 7 ce qui est probablement le plus digne descendant du Air des débuts. Les claviers se superposent, créant des entrelacs que le duo de Baltimore parvient toujours à faire évoluer. Propice aux rêveries et légèrement acidulé, l’univers de Beach House n’en est pas moins exigeant et ambitieux.
2. Emilie Zoé – The Very Start
Désormais assistée d’un batteur, la Suissesse muscle son jeu à l’occasion d’un second album qui constitue d’après elle le véritable commencement du projet. Vous suivez ? Moins lunaire que le prometteur Dead-End Tape, The Very Start s’appuie essentiellement sur la batterie de Nicolas Pittet et le guitare-voix d’Emilie Zoé. Pourquoi ajouter davantage d’ingrédients quand les compositions sont à ce point solides et envoûtantes ? Sans pouvoir tout à fait l’expliquer, le charme opère et la fascination semble partagée, comme ce fut notamment le cas lors d’un concert rennais épique.
1. Courtney Barnett – Tell Me How You Really Feel
En raison d’un album plus poussif produit l’année précédente avec Kurt Vile, l’Australienne était attendue au tournant à l’occasion de son deuxième véritable album en solo. Elle contourne habilement un obstacle dont elle fait sa chose, alignant les tubes post-grunge à l’immédiateté frappante sans que l’accumulation des écoutes ne vienne jamais les éroder. C’est même tout l’inverse tant Tell Me How You Really Feel est un grower en puissance.
Hello. J'attendais la deuxième partie de ton top avec impatience. T'es quand même vraiment incroyable car même parti à l’autre bout du monde un semestre complet, ta sélecta reste très pointue et recherchée. Perso, plein de disque/artistes que je ne connais (presque) pas.
RépondreSupprimerAlors cette fois, je ne possède qu’un seul disque, le "7" de Beach House (en commun avec mon top).
Les autres :
§ Soit je ne connais pas comme Emilie Zoé, Unsung, Shoefiti, Leonis...
§ Soit des artistes dont je n'ai pas, ou très peu, écouté leur dernier…à l'image de Courtney Barnett que j'apprécie beaucoup. Il faut que je le découvre ABSOLUMENT !! Ex:Re me tente bien aussi, comme Laish dont j'avais découvert "Pendulum Swing" grâce à toi.
J’ai écouté cette semaine le dernier Eels que je trouve vraiment bon. Si découvert avant, il aurait peut-être été dans mon top.
Par contre, je suis surpris de trouver ici Moby, surtout aux vues des autres choix très pointus. Mais peut-être que cet album vaut le coup. Perso, j’ai lâché Moby depuis très longtemps même si j’ai pas mal écouté "Play" à l’époque. Tellement intrigué que je suis en train de l’écouter.
A +
Salut,
SupprimerMerci Francky pour ton retour.
Au regard de tes goûts, je ne peux que t'encourager à écouter le Emilie Zoé. Ca pourrait te plaire.
Le Courtney Barnett devrait te plaire si tu as aimé le premier, idem pour Laish.
Pour Moby, je n'ai jamais considéré qu'il s'agissait d'un artiste "mainstream". Play et 18 ont été d'énormes succès commerciaux, mais il a choisi de ne pas surfer sur cette vague quitte à alterner des disques tutoyant la frontière du vulgaire (Last Night, que j'apprécie pourtant) et d'autres insipides (ces 3-4 derniers... avant celui-ci évidemment).
Le dernier grand disque de Moby était pour moi Wait For Me, et Everything Was Beautiful est au moins de ce calibre.
Bon, c'est un admirateur de Moby qui parle. Mais vraiment, je ne m'attendais pas à apprécier (ni même à écouter, il a fallu quelques chroniques positives pour me pousser à le faire) Moby en 2018...
hello ! je n'ai quasiment rien écouté de ton Top. Sauf le Courtney Barnett, rapidos, qui ne m'a fait ni chaud ni froid. A la base de toute manière ce n'est pas trop ma came, mais justement son premier album m'avait immédiatement conquis contre toute attente. Je raccrocherai peut être en la voyant sur scène, elle est programmé au Tinals....
RépondreSupprimerSalut Xavier, merci pour tes retours.
SupprimerPas étonné qu'on ait peu d'albums en commun, j'ai l'impression qu'on est dans des périodes un peu opposées en ce moment, toi dans un truc plus brut, moi plutôt doux.
Forcément, on se rejoint plus difficilement, mais tout ça c'est des périodes =)
Un top très personnel qui te ressemble bien :) je me doutais que le Courtney Barnett serait haut mais je me doutais pas que ce serait ton 1er ! Je ne l'ai pas assez écouté pour avoir un vrai avis mais je l'ai apprécié, sans qu'il me touche autant aux premieres écoutes que le precedent, mais j'imagine qu'il se révèle avec les ecoutes.
RépondreSupprimerComme tu le sais j'ai beaucoup aimé le Beach House aussi, et le Unsung également que j'ai découvert sur le tard chez IRM. Lump j'avais trouvé ça sympa sans pour autant avoir envie d'y revenir. Moby et Eels j'ai lâché depuis longtemps leurs sorties, il faudra que je raccroche pour ceux là ! Pas mal de découvertes en perspective, il faut que je prenne le temps d'écouter le reste :)
Merci et a + !
Yep Unsung, pas étonné que tu apprécies. C'est tellement bon ! Je sais pas si tu connais Shoefiti. C'est très rock, mais peut-être que ça pourrait te plaire (sans certitude).
SupprimerLe Eels c'est pas son meilleur, mais il comporte des morceaux absolument brillants (The Deconstruction, Today is the Day, Rusty Pipes, Bone Dry, You Are The Shining Light...).
LUMP, si je l'avais autant aimé qu'à sa sortie, il aurait clairement été sur le podium. Il donne pas envie d'y revenir tous les jours, faut être d'humeur, mais c'est quand même désarmant et ça a la bonne idée d'être court pour pas trop plomber.
Merci pour ton retour =)
T'as écouté le Idles ?
SupprimerOui, mais distraitement, je dois le reconnaître. Je ne fais pas partie des grands fans d'IDLES à vrai dire. Tu as aimé leur dernier ?
SupprimerJe connaissais pas avant le dernier et j'ai beaucoup aimé celui là ouais !
Supprimer