samedi 21 juillet 2018

Mazzy Star - That Way Again (2018)



Depuis sa reformation en 2013 et le LP Seasons of Your Day, Mazzy Star était plongé dans un véritable mutisme. Aucun concert et pas de nouveau matériel enregistré.

La parenthèse a pris fin peu avant l’été puisque les Californiens ont dévoilé Still, EP composé de quatre titres, en même temps qu’ils rejoignaient la côte orientale australienne pour une série de trois concerts donnés au mythique Opera House de Sydney (même si j'étais mal placé, j'ai savouré comme jamais la chance que j'ai eue d'assister à la dernière de ces soirées).

Sur scène, Hope Sandoval, David Roback et les trois musiciens additionnels parmi lesquels Colm Ó Cíosóig sont restés fidèles à eux mêmes. Jouant dans une obscurité presque totale, n’accordant que peu d’importance aux effets visuels ou à l’aspect scénique, les Américains se concentrent sur un son à la pureté sans égale. Mais après plus d’un quart de siècle, une nouvelle production de Mazzy Star a-t-elle toujours un intérêt ?

Nous avions bien quelques indices concernant la forme de Hope Sandoval, elle qui avait posé il y a une paire d’années sa voix un titre sublime (The Spoils) avec Massive Attack ou enregistré des ballades aussi hypnotiques que Sleep avec ses Warm Inventions. Encore fallait-il transformer l’essai auprès de David Roback.

Mission réussie. Quiet, The Winter Harbor constitue une introduction que l’on pense d’abord discrète avec son rythme de piano binaire avant que, comme d’habitude, la voix d’Hope Sandoval ne dégage une exaltation retenue - l’usage de l’oxymore est un passage obligé avec l’artiste - qui emporte la mise et ravage le cœur de l’auditeur.

That Way Again constitue pour sa part un retour aux sources tant l’univers de She Hangs Brightly n’est jamais très loin. On ne peut d’ailleurs qu’être époustouflé de constater que, vingt-huit ans après, la voix de Hope Sandoval dégage la même puissance sans avoir rien perdu de sa capacité à ensorceler toutes les âmes situées dans un périmètre inférieur au kilomètre. Cette jouvence quasi-éternelle nous renvoie vers une époque pré-millénaire sans que la mélodie de That Way Again ne ressemble à une madeleine de Proust. Efficace, lunaire et virevoltant à la fois, ce titre constitue un petit classique immédiat.

En flux tendu mais surtout de manière oscillatoire, Still convoque nappes oniriques et guitare percutante pour former un ensemble suave et mélancolique. Le duo se fait plaisir en revisitant So Tonight That I Might See, homonyme de l’un de ses chefs-d’œuvre, pour un final en forme de montée vers des cimes gazeuses et accidentées.

Pour commenter un court-format, il est difficile d’éviter l’analyse titre par titre mais ce qui fascine le plus, au-delà de tout cliché, c’est bien l’atmosphère de l’EP dans son ensemble plus encore que la réussite de chacun de ses éléments. En 2018, de meilleurs disques que celui-ci sortiront sans doute. Qu’importe. il a toujours été vain de comparer Mazzy Star à qui que ce soit. Près de trente ans après le premier, reste donc cet enregistrement aussi diffus qu’envoûtant et fascinant. Et essentiel, surtout.

1 commentaire:

  1. Quel sacré chance de voir Mazzy Star sur scène. J'adore ce groupe, cette Dream-pop vaporeuse, ce psychédélisme ultra éthéré, cette voix si douce et belle, ces ambiances contemplatives..."So Tonight That I Might See" reste de loin mon album d'eux que je préfère.
    Suite à la lecture de cet article, j'ai rapidos écouté quelques titres de ce nouvel EP : pas mal. D'autant que j'avais presque loupé "Seasons Of Your Day" (2013).
    A +

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