samedi 4 janvier 2014

[GJSF #05] Aphex Twin - Windowlicker EP (1999)


On continue le Grand Jeu Sans Frontières avec le cinquième des sept volets et le thème SUGAR SUGAR : Une œuvre narcotique, le type de drogue n'a pas d'importance.

S'il s'agit de retenir une œuvre narcotique, je me tourne sans (trop) vers Aphex Twin. Je ne sais pas si le Britannique consomme quoi que ce soit, à vrai dire, je m'en fous pas mal, mais ses œuvres, devrais-je plutôt dire, ses chef-d’œuvres, me donnent pour beaucoup le sentiment d'avoir été composés par quelqu'un sous acides.

Le jeu de mot est facile, l'acid étant l'une des influences revendiquées par le natif de Limerick, en Irlande. La première fois que j'ai entendu Aphex Twin, j'ai évidemment détesté. Je dis évidemment car je suis plutôt long à la détente, du moins musicalement, et une musique aussi complexe et peu accessible, il était couru d'avance que je ne pourrais l'aimer immédiatement.

Bon, tout ça ne nous dit pas quel album j'ai choisi (l'illusion du "suspense" est fortement gâchée par l'image illustrant l'article et le titre de celui-ci, mais on va faire comme si). Mon premier contact avec le Britannique, que j'évoquais plus haut, c'était sur le Richard D. James Album sorti en 1996, qui est à la fois l'album du Britannique que j'ai le plus écouté et mon préféré aujourd'hui. En commençant cette chronique, c'est d'ailleurs celui-ci que j'avais choisi (j'espère que ça ne va pas encore changer d'ici là, car j'ai du boulot derrière).

Bon (elle est hyper décousue cette "chronique", hein), au début, donc, Aphex Twin, je n'aimais pas et je regardais avec des yeux hagards ceux qui me disaient qu'il y avait du génie là-dedans. Du génie ? Mais ce mec, il met aléatoirement des sons sur son 8-pistes, il les déforme, et tout le monde trouve ça génial. C'est incroyable, il vous roule dans la farine. Mouais. Et puis bon, je ne fais pas partie de ceux qui prennent du plaisir à descendre un artiste. Quand je n'aime pas, je passe mon chemin. Aphex Twin, je l'ai donc envoyé dans les oubliettes de ma pensée.

Et puis, Windowlicker et Come To Daddy, les titres issus des EPs sortis en 1997 et 1999, sont passés par là et me permettront de me faire la main avec des choses (légèrement) plus accessibles. Ces morceaux illustrent d'ailleurs bien le génie du Britannique. A la fois plus mélodiques, ils sont pourtant sans aucune concession et vont à fond dans la direction choisie : du trash bien crade et dark pour Come To Daddy, et une forme d'ambient narcotique et névrosée pour Windowlicker. Avec ses nombreux breaks, ses compositions à tiroirs et ruptures incessantes, sans compter les différents bidouillages sonores (y compris vocaux, avec, en VF, s'il vous plaît, un énigmatique sample de la copine d'alors du Twin indiquant qu'elle "aime faire des cracottes au chien"). 

L'EP Windowlicker se compose de deux autres titres. Outre le lécheur de vitres initial, on a droit à un ΔMi−1 = −αΣn=1NDi[n][Σj∈C[i]Fji[n − 1] + Fexti[[n−1]] (oui c'est bien le titre du morceau, on parle bien d'une œuvre narcotique, le titre étant souvent simplifié en Formula ou Equation) extrêmement expérimental et carrément déjanté. Là encore, comment ce titre peut-il avoir été composé par quelqu'un de clean ? A moins que ce ne soit simplement le caractère génial de l'artiste qui donne cette impression ? Enfin, Nannou, composition basée à partir de boîtes à musique en hommage à sa copine du moment. Comme quoi, même un génie comme Aphex Twin peut se complaire dans la niaiserie (et encore, j'espère que Nannou, titre du morceau, n'était pas le surnom dont il affublait ladite copine).

Bref, une œuvre incroyablement déjantée, à l'image du lascar. Et pour ceux qui veulent aller plus loin (et ne l'ont pas déjà fait), je ne peux que recommander l'écoute du Richard D. James Album. Même si vous n'aimez pas, si vous êtes un peu long à la détente comme moi, peut-être que cette écoute vous permettra de découvrir, dans trois ans, le caractère exceptionnel de ce disque. 

5 commentaires:

  1. Que dire, mon préféré toutes catégories (je parle d'Aphex Twin)!!
    Moi j'ai adoré dès que je l'ai entendu, c'était le Selected Ambient Works 2 (et je n'écoutais pas de techno à l'époque...)...un génie, c'est ça!
    La claque quand sont sortis "Windowlicker " et "Come to Daddy"...et le Richard D.James album qui est sans doute son petit chef d'oeuvre...!
    Bon choix donc!! ;)

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    1. Je préfère le volet 1 de ces Selected Ambient Works (mais le 2 est aussi excellent, hein). Si j'avais découvert Aphex Twin par l'un de ces albums, j'aurais peut-être accroché. Il est quand même capable de grands écarts, musicalement, quand on voit la diversité de ces travaux entre le Richard D. James Album ou les Selected Ambient Works...
      Tiens, un album du Richard pour 2014, ça pourrait en constituer une bonne nouvelle.

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    2. Ah oui ce serait top! Je crois que je me suis trompée , c'était le Selected...1 et pas 2...mais ça ne change pas grand-chose...

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    3. Pour moi c'est clairement le Volume II, chef-d’œuvre absolu d'électro ambient... le I étant très bien aussi bien sûr et les Classics avec lesquels j'ai découvert le bonhomme, idem.

      Sinon Windowlicker je l'écoute jamais, la faute au morceaux-titre que j'ai jamais pu encadrer, m'est avis qu'il avait pondu ça pour se moquer du r'n'b de l'époque. Come To Daddy par contre est toujours aussi flippant et le Richard D. James album toujours aussi fabuleux !

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    4. Ce serait pas étonnant qu'y ait une telle portée ironique sur Windowlicker, mais je crois Richard D. James assez génial pour réussir à faire quelque chose de suffisamment exigeant même en parodiant le pire du pire !

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